Je ne pense pas qu'ils aillent jusqu'à obliger à rendre les sous, devant un tribunal. Mais par contre, impossible de signer pour un autre projet tant qu'on n'a pas fini ! Et s'ils se passent le mot entre éditeurs, impossible de signer ailleurs également.
Il y a pléthore de dessinateurs de BD en France et un grand nombre de bd qui sortent chaque année dont une bonne partie se cassent la figure.
Dès lors il est normal que les maisons d'édition soient prudentes et accordent des sommes plus faibles en termes d'avances.
Il faut vraiment avoir ça a l'esprit, si l'éditeur accordait 20 000€ à tous les auteurs de bd qui leur soumettent un projet, soit ils deviendraient extrêmement sélectifs au risque de passer à côté d'une pépite, soit ils ne parviendraient tout simplement pas à absorber toute l'offre et le marché de la bd se casserait la figure.
C'est malheureux pour les auteurs mais c'est un métier qui fait rêver avec beaucoup d'appelés et peu d'élus. Très peu peuvent déjà se prévaloir de la situation dans laquelle se trouve Laurel avec un blog connu et un travail reconnu.
La seule solution pour vivre mieux de la bd c'est de cartonner. Il est évident qu'un Zep, un Bilal, un Arleston ou un Uderzo gagnent davantage d'argent et ont plus de marges de manœuvre pour négocier leur contrat, tout simplement parce qu'ils vendent en masse et sont des valeurs sûres.
Si demain Laurel écoule en masse une série de BD ou est reconnu comme un auteur majeur qui peut susciter l'événement dès qu'elle sort un tome, Delcourt et les autres rajouteront des 0 sur le chèque.
Ne perdez pas de vue qu'auteur de bd est un métier et qu'il n'est pas en dehors de la sphère de l'offre et de la demande et est de faits soumis aux lois du marché. C'est malheureux mais bien d'autres métiers ont le même problème, voire pire.
Pour répondre à ta question OldLion, cela dépend des termes du contrat d'édition. En général, oui, il faut rembourser l'éditeur. Sinon, dans "le contrat commenté" de la SNAC, il est conseillé de ne pas accepter ce terme car la vie est un chemin imprévisible.
" si l'éditeur accordait 20 000€ à tous les auteurs de bd qui leur soumettent un projet, soit ils deviendraient extrêmement sélectifs au risque de passer à côté d'une pépite"
Mais c’est pourtant DEJA ce qui se passe. Il y a des tas de bons dessinateurs et scénaristes, sachant d’avance qu’ils seront payés une misère, qui préfèrent ne même plus envoyer leur projet aux éditeurs. Au pire, ils laissent tomber totalement, au mieux, ils cherchent un autre support.
Mais cet argument qui revient sans cesse que les éditeurs ne peuvent pas payer plus au risque de passer à côté d’une pépite n’est vu que du côté éditeur. Et les auteurs ? Ben eux, ce qu’ils en pensent c’est que s’ils sont payés si peu, beaucoup de bons auteurs préfèrent passer à autre chose et ne même pas commencer à se lancer là dedans. Il y a donc déjà actuellement des tas de pépites qui nous passent sous le nez, parce qu’elles sont « mortes nées » abandonnées par leurs auteurs qui n’ont pas envie de s’investir pour si peu et sont partis vendre leur talent ailleurs (dans l’animation, etc…). Il y a donc des tas de pépites que nous ne verrons jamais parce que les auteurs ne veulent pas s’emmerder à les finaliser pour si peu.
Ca me rappelle quand j'ai vendu mon ancienne maison et acheté la neuve.
Le vendeur : il voit ses frais. Il a acheté la maison tant, il a dépensé tant en travaux, il fait la somme, et le total représente pour lui la valeur de la maison.
L'acheteur, il s'en fout, qu'avant, la sdb c'était la cuisine mais qu'elle était petite alors il a tout changé, et que le proprio a fait percer une fenêtre, et ouvert la cloison entre le salon et la salle à manger. Il voit juste la maison telle qu'elle est, et le marché.
Dans les régions peu convoitées, on parvient donc à un écart énorme entre le prix tel que le conçoit le vendeur (ici à la place de Laurel, ou de l'auteur en général) et de l'acheteur (ici : l'éditeur), dont l’estimation se fonde sur l'offre en général, un point c'est tout.
Les deux points de vue se justifient, au fond, mais ils ne sot pas conciliables.
Je sens un manque de respect de la part du représentant de l'éditeur.
Content que le projet plaise. Mais 8K€ ne saurait constituer une offre sérieuse.
8K€, quand on prend les frais à sa charge, c'est survivre 6 mois misérablement avec nettement moins que le smic.
Or le projet est clair. - C'est un sujet qui intéresse tous les millenials, ados comme adultes : essayer de vivre son rêve américain, à la sillicon vallée, en tant que créateur de jeu et illustratrice ; - Le volume représente plus de 3 BD classiques, et un travail à temps plein ; - Tu fais le scénario, le dessin, et les ancrages nécessaires ; - Tu es une auteur confirmée, avec le bd-blog français le plus influent. Tu as une présence continue et une fanbase depuis plus d'une décennie.
"Négocier" n'est pas ta spécialité, mais est-ce un raison pour te donner l'impression qu'on essaie de t'arnaquer?
En tant qu'interlocuteur institutionnel, qui considère comme moi que la BD est un métier et un art, j'attends qu'on réfléchisse à deux fois avant de sortir un chiffre aussi bas, car c'est presque offensant. Non. Je suis offensé. C'est le tarif des débutant pour une bd de 60 pages.
Heureusement qu'on n'en est qu'au stade des pourparler. Si en tant qu'interlocuteur il ne peut pas sortir du cadre "environ 60 pages environ 6000€", alors il faut que vous en reparliez à 3 avec le directeur de collection parce que ça va pas être possible.
Bonjour j’ai vu cette planche circulé sur Facebook, sans mention de l’auteur et retagé. Je suppose que c’est sans autorisation : https://www.facebook.com/Momsimparfaite/photos/a.319140748578259/555613301597668?type=3&sfns=mo
En tant que directeur de collection (pour une maison qui édite des livres, pas des bandes dessinées, mais le problème se pose de la même manière je crois), c'est la première chose que j'annonce aux auteurs qui se rapprochent de moi : je peux vous payer telle somme d'à-valoir et si vous mettez douze ans à écrire votre bouquin il est possible que financièrement vous ayez un peu mal au cul (je le dis mieux ; je ne suis pas un sauvage).
En tant qu'auteur, j'ai calculé de combien de sous j'avais besoin chaque mois pour vivre comme j'aimais et me suis débrouillé pour travailler suffisamment et les obtenir (travailler, dans mon cas, ça veut non seulement dire "écrire", mais aussi "prendre le chou à ceux qui paient pour être augmenté" - et éventuellement "accepter des commandes à la con pour boucler une fin de mois").
Et en tant que client régulier de la boulangerie en bas de chez moi, je suis convaincu que je changerais de boutique si le prix du pain triplait au prétexte qu'il faut à la boulangère trois fois plus de temps pour le fabriquer.
Si je suis ton raisonnement, on devrait payer les auteurs à l'heure ? Fichtre. J'ai un ami poète, probablement le meilleur de sa génération (je le dis sans ironie, je l'admire vraiment) : son dernier recueil, qui doit faire quarante pages à l'écriture pas trop serrées, il a mis trois ans à l'écrire. On lui accorde quelle valeur financière ? Celle déterminée par le talent ? Celle déterminée par le nombre de signes ? Celle déterminée par le nombre d'heures passées à bosser ? Celle déterminée par le nombre de glandus qui sont encore prêts à raquer pour avoir leur dose de poésie ? Difficile, non ?
Cela dit, puisque tu n'étais pas d'accord avec les propositions de l'éditeur, au lieu de chouiner comme beaucoup d'autres, tu as pris les choses en main et tu es devenue éditrice. Bravo. Et ça à l'air de marcher. Double bravo.
Tu as sans doute dû recevoir depuis toutes sortes de propositions de la part d'auteurs. Y en a-t-il eue que tu as eu envie d'éditer ? Et si oui, quelle a été ta décision ?
PS : en lien, un texte où je raconte un peu ma vie - je ne le mentionne pas par narcissisme (encore que) mais juste pour que ceux qui sont curieux de savoir où je me situe par rapport à tout ce bordel, et d'où je parle, puissent obtenir une réponse.
Non, je sais bien qu'il est impossible de payer les auteurs à l'heure. Mais je pense, par contre, qu'il y a un juste milieu entre ça et les sommes qui sont proposées aujourd'hui.
Et je constate que nos conditions de travail se sont incroyablement dégradées depuis 11 ou 12 ans (quand j'ai commencé). Encore plus par rapport aux années 90, lorsque j'en parle avec des dessinateurs plus expérimentés.
Or, parallèlement à ça, les salaires des employés, et des gros éditeurs, sont restés les mêmes (voire ont augmenté lentement, comme tout le monde)
Tiens.... qu'est-ce que j'écrivais sous la note 58 ?
"Peux-tu passes-tu trop de temps sur chaque planche ? Les autres dessinateurs sont peut-être plus rapide que toi ? ( ce n'est pas un reproche, hein, ... )"
Ton taux horaire est bas car tu as une vie familiale à mener de front, et que cela te ralentit. Imagine ta productivité si tu étais seule ou sans enfants.....
Christophe Ton ami poète : il y a une douce ironie à dire que c'est un génie, qui manque de reconnaissance, pour finir par ne pas directement le citer. (A moins que ce soit toi sous un nom d'emprunt ha-ha :D Déjà que tu pousses en avant ton blog)
Tu sembles projeter sur Laurel un modèle économique de BD alimentaire. Tu racontes avoir fait beaucoup d'écriture alimentaire sur ton site.
Or justement ici c'est le stade de la négociation avec les éditeurs. Contrairement aux commentaires qui parlent de tout ou rien, je préfère mettre en avant que ici c'est la négociation. C'est un bras de fer, un moment qui s'installe dans la durée, c'est un rapport de force, c'est le concret. Pour les flippés du conflit, c'est en effet plus confortable de penser que "c'est tout ou rien" et d'en rester au théorique. C'est aussi un moment de jeu, de prise de risque.
Quand je commente sur ce blog, j'ai toujours peur de mansplainer Laurel. Elle sait mieux que beaucoup ce qu'est un éditeur, un auteur, tenir un budget, etc. Je trouve que tu tombes dans ce travers. "Mon éditeur, Esparbec, à force d’intransigeance et de rigueur, m’a appris mon métier bien mieux que tous les bouquins que je lisais pour m’instruire." Tout le monde n'est pas comme toi ^_^ (et j'espère que ton goût pour l'auto-dépréciation n'est pas contagieux).
D'ailleurs elle a beaucoup de talent pour ne brusquer aucun éditeur, tout en récupérant le plus d'informations possibles.
Pour revenir sur le thème "BD alimentaire", c'est justement ici le but de Laurel : Elle sait ce qu'elle veut. Elle ne veut pas ça. Et elle a plus d'un argument pour l'obtenir. (Son talent, son expérience, une fanbase et une présence continue sur internet, elle fait scénar ET écriture, etc.)
Voui y'a le marasme économique du marché de la BD. Et je trouve stérile de monter les auteurs contre les autres acteurs de la chaîne du livre. Il n'empêche que, je pense, ce qui différencie le plus les deux camps, c'est que les auteurs ont moins de talent de négociation -ce ne sont pas des commerciaux de formation-, et que les éditeurs profitent de leur avantage dans le rapport "1 entreprise VS 1 individu".
A titre de digression, je me demande quels types de contrat y'a à "l'association", la maison d'édition fondé par Trondheim? Juste à titre de comparaison, est-ce que les clauses sont plus favorables, par exemple sur le pourcentage à l'auteur par rapport aux seuils de milliers de BD vendues. Ils ont eu des best seller, comme les Persépolis.
Ben les employés des éditeurs bossent toujours autant, l'éditeur vend autant de livre. Juste que le produit de cette vente est désormais réparti dans beaucoup plus d'auteurs qu'avant.
Tu ne peux pas "accepter" ou "ne pas accepter". C'est tout simplement ce qui se passe pour les autres métiers ! Quand trop de monde veut faire le me^me boulot, soit certains sont recalés en amont (concours, emplyés) et n'exercent tout simplement pas le métier, soit plus tard, quand le professionnel se rend compte que la pléthore d'offre ne lui permet pas de vivre de sa profession rêvée.
Le raisonnement que tu tiens aujourd’hui pour la BD ("je suis auteur depuis longtemps, j'ai déjà acquis une certaine notoriété dans mon milieu, les nouveaux, passez votre chemine), tu ne te l'es par exemple pas appliqué à toi-même quand vous vous êtes lancés dans le jeu smartphone alors que l'offre était déjà très très fournie.
Et bien vous vous êtes lancés, vous avez fait votre propre expérience. Vous avez tenté votre chance, et au moins, pas de regrets.
Les albums, livres et BD qui n'aurait "pas dû sortir" selon tes critères ont peut-être fait rêver des gens, les ont peut-être rendus heureux le temps d'une lecteur, les ont peut-être aidés à réfléchir à certaines choses, et c'est très bien. Malgré l'échec commercial, les livres sont là, ils existent, ils représentent un aboutissement du temps passé à la créativité de leurs auteurs et ça, c'est très important.
Es > Je n'ai jamais dit ça. Tu projettes des pensées, tu décris un discours que je n'ai jamais tenu. (d'ailleurs je suis d'accord : c'est très bien qu'il existe un large choix de livres. Le truc, c'est que quand les auteurs ne peuvent plus en vivre, il faut bien trouver un autre système.)
OK. Au temps pour moi pour le "accepter ça" que je n'ai apparemment pas été la seule à mal interpréter. ;)
Effectivement, avec un gâteau qui ne grossit pas mais plus de parts, il faut trouver un moyen pour l'auteur qui lui permettre de ne pas trop partager sa aprt avec des tiers.
Ce fut d'ailleurs une belle réussite avec Comme Convenu. En revanche, je ne sais pas si ça fonctionnerait si les auteurs se tournaient en masse sur ce système. De mémoire, le livre avait fonctionné aussi parce que les jolis goodies (et de qualité !) avaient motivés les lecteurs à acheter de gros packs. Je ne sais pas si le budget des lecteurs permettrait de soutenir beaucopu de projets en y consacrant ce budget.
Ça ne marche pas vraiment comme ça je pense Laurel.
Quand on explique que le gâteau doit être partagé entre davantage d'auteurs et que tu réponds "c'est notre rôle de ne pas accepter ça", c'est un peu simpliste.
Pour que le gâteau à partager soit plus important il faudrait qu'il se vende davantage de bd et mécaniquement il y aurait davantage de dessinateurs à se lancer et donc le gâteau n'augmenterait guère.
La vraie et seule question est de savoir si les maisons d'éditions s'en mettent davantage dans les poches que dans les 90's ou si leur situation financière est restée stable ou s'est dégradée.
Si elle est restée stable ou s'est dégradée comment pouvez-vous simplement demander que les auteurs soient mieux rémunérés ? Ça pourrait permettre aux auteurs déjà sur le marché d'être mieux payés mais il n'y aurait plus un rond pour les auteurs qui arriveraient derrière.
Le bd c'est un marché, certes artistique mais c'est un business comme un autre et à l'heure actuelle le marché n'est pas en faveur des auteurs, c'est la triste réalité.
Faut-il que les maisons d'éditions soient plus sélectives ? Sans doute mais au risque de passer à côté de pépites.
Faut-il faire appel au crowfunding plus fréquemment ? Pourquoi pas mais ça n'est pas une solution qui fonctionnera pour tout le monde.
Quand je vais à la fnac ou que je regarde chez mon libraire les dernières sorties je suis étonné tant le marché est inondé de nouvelles bd, de nouvelles séries qui risquent de ne jamais avoir de fin (un risque pour l'acheteur).
C'est peut être un peu rude mais ça résume bien la situation : ce qui est rare est cher et les auteurs de bd sont tout sauf rares de nos jours, et à la vitesse où les gens consomment ils sont vite oubliés.
Je vous suis depuis longtemps Laurel et je pense que vous avez su tirer votre épingle du jeu et que vous vous en sortez plutôt bien en termes de visibilité et d'indépendance, beaucoup d'auteurs n'ont malheureusement pas cette chance.
Je ne dis pas que c'est une bonne situation, qu'il faut être content et ne pas se plaindre, seulement qu'il faut être réaliste.
Croyez moi, je fais moi même un travail assez rare, qui demande beaucoup d'études et quand je vois ma paie à la fin du mois je ne suis pas content, malheureusement je suis contraint de faire avec. Je préfère me recentrer sur ma famille plutôt que mon travail, c'est là que je trouve mon bonheur.
José: les salaires allemands sont 20% plus élevés que les salaires français. Et juste au cas où le coup des jobs à 1 ou 2€de l'heure est un hoax xénophobe monté sur une confusion avec des allocations chômage, ça n'existe pas.
J'ai toujours su qu'il falmait etre "fuck money". En fait, pour moi si on veut être libre il faut vivre de ce qu'on aime par ses moyen ou de ceux qui nous support et qui aiment ce qu'on fait. As-tu pensé à monétisé une de tes compétence et le vendre à ton public ?
foducool - il y a 5 ans
on est pas pressés mais grouille-toi quand même
RépondreOldLion - il y a 5 ans
Deux choses :
Répondre- c'est vraiment affreux cette situation de faiblesse où se retrouvent les auteurs.
- En pratique il se passe quoi si tu accepte l'avance et que tu ne finis jamais l'album ? Ils reprennent les sous ? comment ?
Laurel - il y a 5 ans
Je ne pense pas qu'ils aillent jusqu'à obliger à rendre les sous, devant un tribunal. Mais par contre, impossible de signer pour un autre projet tant qu'on n'a pas fini ! Et s'ils se passent le mot entre éditeurs, impossible de signer ailleurs également.
RépondreMoebius - il y a 5 ans
C'est un peu la loi de l'offre et de la demande.
RépondreIl y a pléthore de dessinateurs de BD en France et un grand nombre de bd qui sortent chaque année dont une bonne partie se cassent la figure.
Dès lors il est normal que les maisons d'édition soient prudentes et accordent des sommes plus faibles en termes d'avances.
Il faut vraiment avoir ça a l'esprit, si l'éditeur accordait 20 000€ à tous les auteurs de bd qui leur soumettent un projet, soit ils deviendraient extrêmement sélectifs au risque de passer à côté d'une pépite, soit ils ne parviendraient tout simplement pas à absorber toute l'offre et le marché de la bd se casserait la figure.
C'est malheureux pour les auteurs mais c'est un métier qui fait rêver avec beaucoup d'appelés et peu d'élus. Très peu peuvent déjà se prévaloir de la situation dans laquelle se trouve Laurel avec un blog connu et un travail reconnu.
La seule solution pour vivre mieux de la bd c'est de cartonner. Il est évident qu'un Zep, un Bilal, un Arleston ou un Uderzo gagnent davantage d'argent et ont plus de marges de manœuvre pour négocier leur contrat, tout simplement parce qu'ils vendent en masse et sont des valeurs sûres.
Si demain Laurel écoule en masse une série de BD ou est reconnu comme un auteur majeur qui peut susciter l'événement dès qu'elle sort un tome, Delcourt et les autres rajouteront des 0 sur le chèque.
Ne perdez pas de vue qu'auteur de bd est un métier et qu'il n'est pas en dehors de la sphère de l'offre et de la demande et est de faits soumis aux lois du marché. C'est malheureux mais bien d'autres métiers ont le même problème, voire pire.
Sûria - il y a 5 ans
Pour répondre à ta question OldLion, cela dépend des termes du contrat d'édition. En général, oui, il faut rembourser l'éditeur. Sinon, dans "le contrat commenté" de la SNAC, il est conseillé de ne pas accepter ce terme car la vie est un chemin imprévisible.
Répondreantoine - il y a 5 ans
" si l'éditeur accordait 20 000€ à tous les auteurs de bd qui leur soumettent un projet, soit ils deviendraient extrêmement sélectifs au risque de passer à côté d'une pépite"
RépondreMais c’est pourtant DEJA ce qui se passe. Il y a des tas de bons dessinateurs et scénaristes, sachant d’avance qu’ils seront payés une misère, qui préfèrent ne même plus envoyer leur projet aux éditeurs. Au pire, ils laissent tomber totalement, au mieux, ils cherchent un autre support.
Mais cet argument qui revient sans cesse que les éditeurs ne peuvent pas payer plus au risque de passer à côté d’une pépite n’est vu que du côté éditeur. Et les auteurs ? Ben eux, ce qu’ils en pensent c’est que s’ils sont payés si peu, beaucoup de bons auteurs préfèrent passer à autre chose et ne même pas commencer à se lancer là dedans. Il y a donc déjà actuellement des tas de pépites qui nous passent sous le nez, parce qu’elles sont « mortes nées » abandonnées par leurs auteurs qui n’ont pas envie de s’investir pour si peu et sont partis vendre leur talent ailleurs (dans l’animation, etc…). Il y a donc des tas de pépites que nous ne verrons jamais parce que les auteurs ne veulent pas s’emmerder à les finaliser pour si peu.
Es - il y a 5 ans
Ca me rappelle quand j'ai vendu mon ancienne maison et acheté la neuve.
RépondreLe vendeur : il voit ses frais. Il a acheté la maison tant, il a dépensé tant en travaux, il fait la somme, et le total représente pour lui la valeur de la maison.
L'acheteur, il s'en fout, qu'avant, la sdb c'était la cuisine mais qu'elle était petite alors il a tout changé, et que le proprio a fait percer une fenêtre, et ouvert la cloison entre le salon et la salle à manger. Il voit juste la maison telle qu'elle est, et le marché.
Dans les régions peu convoitées, on parvient donc à un écart énorme entre le prix tel que le conçoit le vendeur (ici à la place de Laurel, ou de l'auteur en général) et de l'acheteur (ici : l'éditeur), dont l’estimation se fonde sur l'offre en général, un point c'est tout.
Les deux points de vue se justifient, au fond, mais ils ne sot pas conciliables.
cha - il y a 5 ans
lamentable. serieux c'est lamentable.
RépondreJulienFromDijon - il y a 5 ans
8K€ ne constitue pas une offre sérieuse
Répondre===
Je sens un manque de respect de la part du représentant de l'éditeur.
Content que le projet plaise.
Mais 8K€ ne saurait constituer une offre sérieuse.
8K€, quand on prend les frais à sa charge, c'est survivre 6 mois misérablement avec nettement moins que le smic.
Or le projet est clair.
- C'est un sujet qui intéresse tous les millenials, ados comme adultes : essayer de vivre son rêve américain, à la sillicon vallée, en tant que créateur de jeu et illustratrice ;
- Le volume représente plus de 3 BD classiques, et un travail à temps plein ;
- Tu fais le scénario, le dessin, et les ancrages nécessaires ;
- Tu es une auteur confirmée, avec le bd-blog français le plus influent. Tu as une présence continue et une fanbase depuis plus d'une décennie.
"Négocier" n'est pas ta spécialité, mais est-ce un raison pour te donner l'impression qu'on essaie de t'arnaquer?
En tant qu'interlocuteur institutionnel, qui considère comme moi que la BD est un métier et un art, j'attends qu'on réfléchisse à deux fois avant de sortir un chiffre aussi bas, car c'est presque offensant. Non. Je suis offensé. C'est le tarif des débutant pour une bd de 60 pages.
Heureusement qu'on n'en est qu'au stade des pourparler.
Si en tant qu'interlocuteur il ne peut pas sortir du cadre "environ 60 pages environ 6000€", alors il faut que vous en reparliez à 3 avec le directeur de collection parce que ça va pas être possible.
Bri - il y a 5 ans
Bonjour j’ai vu cette planche circulé sur Facebook, sans mention de l’auteur et retagé. Je suppose que c’est sans autorisation : https://www.facebook.com/Momsimparfaite/photos/a.319140748578259/555613301597668?type=3&sfns=mo
RépondreChristophe - il y a 5 ans
Chère Laurel,
RépondreEn tant que directeur de collection (pour une maison qui édite des livres, pas des bandes dessinées, mais le problème se pose de la même manière je crois), c'est la première chose que j'annonce aux auteurs qui se rapprochent de moi : je peux vous payer telle somme d'à-valoir et si vous mettez douze ans à écrire votre bouquin il est possible que financièrement vous ayez un peu mal au cul (je le dis mieux ; je ne suis pas un sauvage).
En tant qu'auteur, j'ai calculé de combien de sous j'avais besoin chaque mois pour vivre comme j'aimais et me suis débrouillé pour travailler suffisamment et les obtenir (travailler, dans mon cas, ça veut non seulement dire "écrire", mais aussi "prendre le chou à ceux qui paient pour être augmenté" - et éventuellement "accepter des commandes à la con pour boucler une fin de mois").
Et en tant que client régulier de la boulangerie en bas de chez moi, je suis convaincu que je changerais de boutique si le prix du pain triplait au prétexte qu'il faut à la boulangère trois fois plus de temps pour le fabriquer.
Si je suis ton raisonnement, on devrait payer les auteurs à l'heure ? Fichtre. J'ai un ami poète, probablement le meilleur de sa génération (je le dis sans ironie, je l'admire vraiment) : son dernier recueil, qui doit faire quarante pages à l'écriture pas trop serrées, il a mis trois ans à l'écrire. On lui accorde quelle valeur financière ? Celle déterminée par le talent ? Celle déterminée par le nombre de signes ? Celle déterminée par le nombre d'heures passées à bosser ? Celle déterminée par le nombre de glandus qui sont encore prêts à raquer pour avoir leur dose de poésie ?
Difficile, non ?
Cela dit, puisque tu n'étais pas d'accord avec les propositions de l'éditeur, au lieu de chouiner comme beaucoup d'autres, tu as pris les choses en main et tu es devenue éditrice. Bravo. Et ça à l'air de marcher. Double bravo.
Tu as sans doute dû recevoir depuis toutes sortes de propositions de la part d'auteurs. Y en a-t-il eue que tu as eu envie d'éditer ? Et si oui, quelle a été ta décision ?
PS : en lien, un texte où je raconte un peu ma vie - je ne le mentionne pas par narcissisme (encore que) mais juste pour que ceux qui sont curieux de savoir où je me situe par rapport à tout ce bordel, et d'où je parle, puissent obtenir une réponse.
Laurel - il y a 5 ans
Bonjour Christophe,
RépondreMerci pour ta réponse.
Non, je sais bien qu'il est impossible de payer les auteurs à l'heure. Mais je pense, par contre, qu'il y a un juste milieu entre ça et les sommes qui sont proposées aujourd'hui.
Et je constate que nos conditions de travail se sont incroyablement dégradées depuis 11 ou 12 ans (quand j'ai commencé).
Encore plus par rapport aux années 90, lorsque j'en parle avec des dessinateurs plus expérimentés.
Or, parallèlement à ça, les salaires des employés, et des gros éditeurs, sont restés les mêmes (voire ont augmenté lentement, comme tout le monde)
a - il y a 5 ans
Tiens.... qu'est-ce que j'écrivais sous la note 58 ?
Répondre"Peux-tu passes-tu trop de temps sur chaque planche ? Les autres dessinateurs sont peut-être plus rapide que toi ? ( ce n'est pas un reproche, hein, ... )"
Ton taux horaire est bas car tu as une vie familiale à mener de front, et que cela te ralentit. Imagine ta productivité si tu étais seule ou sans enfants.....
JulienFromDijon - il y a 5 ans
Christophe
RépondreTon ami poète : il y a une douce ironie à dire que c'est un génie, qui manque de reconnaissance, pour finir par ne pas directement le citer. (A moins que ce soit toi sous un nom d'emprunt ha-ha :D Déjà que tu pousses en avant ton blog)
Tu sembles projeter sur Laurel un modèle économique de BD alimentaire. Tu racontes avoir fait beaucoup d'écriture alimentaire sur ton site.
Or justement ici c'est le stade de la négociation avec les éditeurs. Contrairement aux commentaires qui parlent de tout ou rien, je préfère mettre en avant que ici c'est la négociation. C'est un bras de fer, un moment qui s'installe dans la durée, c'est un rapport de force, c'est le concret. Pour les flippés du conflit, c'est en effet plus confortable de penser que "c'est tout ou rien" et d'en rester au théorique. C'est aussi un moment de jeu, de prise de risque.
Quand je commente sur ce blog, j'ai toujours peur de mansplainer Laurel. Elle sait mieux que beaucoup ce qu'est un éditeur, un auteur, tenir un budget, etc. Je trouve que tu tombes dans ce travers.
"Mon éditeur, Esparbec, à force d’intransigeance et de rigueur, m’a appris mon métier bien mieux que tous les bouquins que je lisais pour m’instruire." Tout le monde n'est pas comme toi ^_^ (et j'espère que ton goût pour l'auto-dépréciation n'est pas contagieux).
D'ailleurs elle a beaucoup de talent pour ne brusquer aucun éditeur, tout en récupérant le plus d'informations possibles.
Pour revenir sur le thème "BD alimentaire", c'est justement ici le but de Laurel : Elle sait ce qu'elle veut. Elle ne veut pas ça. Et elle a plus d'un argument pour l'obtenir. (Son talent, son expérience, une fanbase et une présence continue sur internet, elle fait scénar ET écriture, etc.)
Voui y'a le marasme économique du marché de la BD. Et je trouve stérile de monter les auteurs contre les autres acteurs de la chaîne du livre. Il n'empêche que, je pense, ce qui différencie le plus les deux camps, c'est que les auteurs ont moins de talent de négociation -ce ne sont pas des commerciaux de formation-, et que les éditeurs profitent de leur avantage dans le rapport "1 entreprise VS 1 individu".
A titre de digression, je me demande quels types de contrat y'a à "l'association", la maison d'édition fondé par Trondheim? Juste à titre de comparaison, est-ce que les clauses sont plus favorables, par exemple sur le pourcentage à l'auteur par rapport aux seuils de milliers de BD vendues.
Ils ont eu des best seller, comme les Persépolis.
Christophe - il y a 5 ans
Cher JulienFromDijon,
RépondreIl s'agit de Jérôme Bertin.
Pour le reste : well, votre analyse de ce que vous lisez n'engage que vous.
Excellente soirée,
C.
JulienFromDijon - il y a 5 ans
Merci ! :-)
RépondreWoofy - il y a 5 ans
Ben les employés des éditeurs bossent toujours autant, l'éditeur vend autant de livre. Juste que le produit de cette vente est désormais réparti dans beaucoup plus d'auteurs qu'avant.
RépondreLaurel - il y a 5 ans
Oui, et du coup, c'est notre rôle de ne pas accepter ça.
RépondreWoofy - il y a 5 ans
Donc accepter que les éditeurs "sélectionnent" moins d'auteurs, mais qu'ils rémunèrent mieux ceux sélectionnés ?
RépondreParce que si le gateau ne grandit pas, soit on fait des parts plus petites, soit on fait moins de parts.
Es - il y a 5 ans
Tu ne peux pas "accepter" ou "ne pas accepter". C'est tout simplement ce qui se passe pour les autres métiers ! Quand trop de monde veut faire le me^me boulot, soit certains sont recalés en amont (concours, emplyés) et n'exercent tout simplement pas le métier, soit plus tard, quand le professionnel se rend compte que la pléthore d'offre ne lui permet pas de vivre de sa profession rêvée.
RépondreLe raisonnement que tu tiens aujourd’hui pour la BD ("je suis auteur depuis longtemps, j'ai déjà acquis une certaine notoriété dans mon milieu, les nouveaux, passez votre chemine), tu ne te l'es par exemple pas appliqué à toi-même quand vous vous êtes lancés dans le jeu smartphone alors que l'offre était déjà très très fournie.
Et bien vous vous êtes lancés, vous avez fait votre propre expérience. Vous avez tenté votre chance, et au moins, pas de regrets.
Les albums, livres et BD qui n'aurait "pas dû sortir" selon tes critères ont peut-être fait rêver des gens, les ont peut-être rendus heureux le temps d'une lecteur, les ont peut-être aidés à réfléchir à certaines choses, et c'est très bien. Malgré l'échec commercial, les livres sont là, ils existent, ils représentent un aboutissement du temps passé à la créativité de leurs auteurs et ça, c'est très important.
Laurel - il y a 5 ans
Es > Je n'ai jamais dit ça. Tu projettes des pensées, tu décris un discours que je n'ai jamais tenu.
Répondre(d'ailleurs je suis d'accord : c'est très bien qu'il existe un large choix de livres. Le truc, c'est que quand les auteurs ne peuvent plus en vivre, il faut bien trouver un autre système.)
Es - il y a 5 ans
OK. Au temps pour moi pour le "accepter ça" que je n'ai apparemment pas été la seule à mal interpréter. ;)
RépondreEffectivement, avec un gâteau qui ne grossit pas mais plus de parts, il faut trouver un moyen pour l'auteur qui lui permettre de ne pas trop partager sa aprt avec des tiers.
Ce fut d'ailleurs une belle réussite avec Comme Convenu.
En revanche, je ne sais pas si ça fonctionnerait si les auteurs se tournaient en masse sur ce système. De mémoire, le livre avait fonctionné aussi parce que les jolis goodies (et de qualité !) avaient motivés les lecteurs à acheter de gros packs.
Je ne sais pas si le budget des lecteurs permettrait de soutenir beaucopu de projets en y consacrant ce budget.
Laurel - il y a 5 ans
Pas de souci, c'est vrai que ça pouvait porter à confusion ! 😊
RépondreHashka - il y a 5 ans
Ça ne marche pas vraiment comme ça je pense Laurel.
RépondreQuand on explique que le gâteau doit être partagé entre davantage d'auteurs et que tu réponds "c'est notre rôle de ne pas accepter ça", c'est un peu simpliste.
Pour que le gâteau à partager soit plus important il faudrait qu'il se vende davantage de bd et mécaniquement il y aurait davantage de dessinateurs à se lancer et donc le gâteau n'augmenterait guère.
La vraie et seule question est de savoir si les maisons d'éditions s'en mettent davantage dans les poches que dans les 90's ou si leur situation financière est restée stable ou s'est dégradée.
Si elle est restée stable ou s'est dégradée comment pouvez-vous simplement demander que les auteurs soient mieux rémunérés ?
Ça pourrait permettre aux auteurs déjà sur le marché d'être mieux payés mais il n'y aurait plus un rond pour les auteurs qui arriveraient derrière.
Le bd c'est un marché, certes artistique mais c'est un business comme un autre et à l'heure actuelle le marché n'est pas en faveur des auteurs, c'est la triste réalité.
Faut-il que les maisons d'éditions soient plus sélectives ? Sans doute mais au risque de passer à côté de pépites.
Faut-il faire appel au crowfunding plus fréquemment ? Pourquoi pas mais ça n'est pas une solution qui fonctionnera pour tout le monde.
Quand je vais à la fnac ou que je regarde chez mon libraire les dernières sorties je suis étonné tant le marché est inondé de nouvelles bd, de nouvelles séries qui risquent de ne jamais avoir de fin (un risque pour l'acheteur).
C'est peut être un peu rude mais ça résume bien la situation : ce qui est rare est cher et les auteurs de bd sont tout sauf rares de nos jours, et à la vitesse où les gens consomment ils sont vite oubliés.
Je vous suis depuis longtemps Laurel et je pense que vous avez su tirer votre épingle du jeu et que vous vous en sortez plutôt bien en termes de visibilité et d'indépendance, beaucoup d'auteurs n'ont malheureusement pas cette chance.
Je ne dis pas que c'est une bonne situation, qu'il faut être content et ne pas se plaindre, seulement qu'il faut être réaliste.
Croyez moi, je fais moi même un travail assez rare, qui demande beaucoup d'études et quand je vois ma paie à la fin du mois je ne suis pas content, malheureusement je suis contraint de faire avec. Je préfère me recentrer sur ma famille plutôt que mon travail, c'est là que je trouve mon bonheur.
José - il y a 5 ans
C'est raisonnable, c'est 3 fois plus de l'heure qu'un esclave en allemagne !
RépondreGB - il y a 5 ans
José: les salaires allemands sont 20% plus élevés que les salaires français.
RépondreEt juste au cas où le coup des jobs à 1 ou 2€de l'heure est un hoax xénophobe monté sur une confusion avec des allocations chômage, ça n'existe pas.
Aquroline - il y a 5 ans
J'ai toujours su qu'il falmait etre "fuck money". En fait, pour moi si on veut être libre il faut vivre de ce qu'on aime par ses moyen ou de ceux qui nous support et qui aiment ce qu'on fait. As-tu pensé à monétisé une de tes compétence et le vendre à ton public ?
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