Ce n'est pas une question de se SENTIR TOUCHÉ (ça on n'y peut strictement rien, c'est "naturel", on pleurera plus pour la perte d'un animal ou d'un proche que pour les souffrances qu'on ne voit pas) mais de les CONSIDERER. Trouver, comme fait le monde entier, notamment les médias, que c'est une catastrophe, qu'il y aura un "avant-après", et j'en passe, ça c'est pitoyable. Parce que 150 morts, c'est le nombre quotidien de pertes en Syrie, et je ne parle pas d'ailleurs. Donc OBJECTIVEMENT, avec du recul, (et non par rapport à ce qu'on ressent), non, ce n'est pas une catastrophe, et ce n'est pas pire qu'ailleurs. Personnellement c'est surtout voir les médias (français, mais aussi du reste du monde) en parler à longueur de journée, voir le drapeau français placardé sur amazon et compagnie, voir les USA illuminer des bâtiments en bleu-blanc-rouge, faire une minute de silence, et j'en passe, qui me met hors de moi. Parce que personne ne pense, ni ne parle, ni ne met de drapeaux aux couleurs de, ni ne fait de minute de silence pour toutes les autres atrocités quotidiennes de ce monde.
Waouh.. c'est les réactions qui te mettent hors de toi ? Tu as bien de la chance... moi c'est les attentats mais bon chacun son échelle de valeur, visiblement la tienne est plus haute. C'est pas une catastrophe donc... Désolé mais j'ai du mal à laisser passer ce genre de truc depuis une semaine.
"Donc OBJECTIVEMENT, avec du recul, (et non par rapport à ce qu'on ressent), non, ce n'est pas une catastrophe, et ce n'est pas pire qu'ailleurs."
Peux tu me donner l'exemple d'un cas similaire où 150 personnes innocentes, dans un pays démocratique, civilisé et en paix, s’adonnant à leurs loisirs un vendredi soir se font massacrer à l'aide d'armes à feux ?
Au Kenya qui est un pays civilisé et en paix, plus d'une centained étudiants c'est fait tuer dans leur internat. Au Pakistan une école a été massacrée dans des circonstances similaires.
"personne ne pense, ni ne parle(...)" Si tu es au courant nous aussi. Et faux, on trouve beaucoup de choses à ce sujet. L'information n'est pas réprimée.
à ton avis, pourquoi on ne se réuni pas pour faire une simple minute de silence pour tout ce qu'on entend au quotidien ?
Que ce soit nous ou d'autres civils impuissants ailleurs dans le monde c'est le même combat.
Il y a un avant-après pour moi. Je vis à Paris. Tant que Daesh n'aura pas été exterminé, le "après" ne cessera pas. Même si le avant avait commencé le 7 janvier.
Il y a quelque chose que tu n'as pas l'air d'avoir compris dans mon message... Donc, une fois encore, c'est une question de ressenti. Oui, MOI, MES sentiments, ça a surtout été de la colère et de l'agacement pour les réactions, et ça me regarde. Je ne vois pas bien le rapport avec une échelle de valeur. Moi aussi je pleure davantage à la perte d'un animal ou d'être proche aimé que lorsque des centaines de gens meurent dans une catastrophe naturelle ou autre. Mais ce n'est pas pour autant que je considère que ça a plus de "valeur". (Je ne comprends vraiment pas l'utilisation du terme de "valeur", mais bon).
Oui, je trouve pitoyable et ça me met hors de moi que les médias du monde entier, et que la plupart des pays, sympathisent et fassent tout un foin de cet attentat quand ils ne parlent jamais, ni n'ont rien à carrer, de ce qui se passe ailleurs (comme, oh tiens, les attentats à Beyrouth qui sont arrivés la veille et qui ont été totalement éclipsés). Enfin bon, je ne vais pas m'acharner à écrire quand tu ne sais visiblement pas lire ^^ Je n'ai jamais engueulé personne pour son ressenti (comme en parlait tout le premier paragraphe de mon commentaire au dessin de Laurel) donc je trouve marrant que quelqu'un m'engueule pour MON ressenti sur ce qui ne les concerne même pas (à moins que tu sois les médias et les gouvernements du monde entier)
Et histoire de rajouter aussi, si tu ne sais pas t'exprimer sur internet que par commentaires cinglants, sans débattre calmement et objectivement, c'est pas vraiment la peine d'essayer de le faire.
Au lieu de se mettre hors de soi, pourquoi ne pas se poser deux minutes et essayer de comprendre la situation? de comprendre les parisiens, les proches et ceux qui se sentent concernés? Primo, mesure-t'on la gravité d'une situation comme ça au nombre de morts? Je trouve ça très limite. Peut-être tout ça, parce que c'est la première fois (pour cette génération) que ces lâches tapent autant au cœur de nos vies, là où tout le monde aurait pu être une des victimes...ce n'étaient ni des caricaturistes engagés, ni des militaires qui ont été mitraillés et sont morts, mais bien toi ou moi. Ne penses-tu pas que ça mérite quelques bougies, de la tristesse? C'est horrible, mais les autres atrocités du monde sont perpétrées loin de nous, jusqu'ici on serrait juste les fesses en espérant que ça ne nous arrive pas. Mais aujourd'hui c'est notre tour, tu peux mettre au placard ta rage mal placée, va. Ou la concentrer sur ceux qui tuent plutôt que sur les survivants.
Je vais faire un C/C au cas où ce ne serait pas passé la première : « Ce n'est pas une question de se SENTIR TOUCHÉ (ça on n'y peut strictement rien, c'est "naturel", on pleurera plus pour la perte d'un animal ou d'un proche que pour les souffrances qu'on ne voit pas) mais de les CONSIDERER. » (considérer objectivement, j'entends, à échelle mondiale, comme fait LE MONDE ENTIER, et les MEDIAS DU MONDE ENTIER, je n'ai jamais cité les français ou les parisiens...)
Voila. Une autre chose qui m'agace, ce sont les gens qui interprète mal (voire lisent mal) des propos pour mal les juger ensuite, c'est super agréable. Je n'ai jamais ragé sur les survivants, donc garde tes jugements de valeurs pour quelque chose de plus adapté.
Certains sont tristes, d'autres sont en colère, voire plein d'une rage plus ou moins mal dirigée. Chacun réagit à sa manière, l'essentiel étant je crois de ne pas rester indifférent. Moi je suis triste pour les Parisiens, et aussi pour les Syriens et pour toutes les personnes qui subissent la folie meurtrière d'autres personnes, mais cela ne m'empêche pas de dormir comme c'est le cas pour Laurel. Je ne vais pas pour autant lui dire qu'elle exagère ou qu'elle est trop sensible, ni me mettre à culpabiliser parce que je dors la nuit... Respectons les sentiments de chacun ...
Pour info le soutien des autres nations (en particulier les usa) n'est pas un soutien de façade/hypocrite, des actions TRES concrète et importante ont été prise suite à l'attentat. par exemple : https://fr.wikipedia.org/wiki/Five_Eyes (1er paragraphe, c'est un geste super fort)
@ Paladin: "ce n'est pas un soutien de façade/hypocrite, des actions TRES concrète et importante ont été prise suite à l'attentat"
N'est-ce pas justement le problème ? Comme Amb, je suis 100% d'accord sur le fait que les émotions sont quelque chose de personnels et irrationnels, et j'ai moi-même été très touché par les attentats de Paris, bien plus que ceux sur d'autres continents.
Là où ça pose un problème, c'est quand 2 nations subissent le même problème, avec la même gravité, et qu'un pays reçoit énormément d'aide concrète tandis que l'autre ne reçoit rien, simplement parce qu'on se sent plus proche émotionnellement du premier.
Par exemple, dans la chronique "comme convenu", si Joffrey décidait de réduire le salaire d'Adrien et d'augmenter celui de Luc, parce qu'il préfère Luc, tout le monde trouverait ça injuste (notons que si c'est le contraire, p-e que ça passerait mieux). Les décisions de ce type doivent être le moins influencé par l'émotion possible, et ici, ce n'est apparemment pas le cas.
En pratique, la décision citées (participation de la France aux 5 Eyes) est également le résultat d'enjeu politique. Le fait que cette décision est justifiée comme étant "un acte de soutien" est aussi un problème, car c'est une façon d'utiliser la vague d'émotion qui fait croire au grand public que la situation française est unique pour justifier un traitement différent entre 2 pays.
Deux choses : 1/on ne choisit pas ce qui nous touche. La proximité "culturelle" des victimes fait que ça nous affecte forcément plus : c'est humain. 2/ça tient aussi au traitement médiatique des différents événements : les médias insistent moins sur les attentats au liban ou en afrique par exemple : les journalistes parlent même pour cela de "mort kilomètre"...
Chacun réagit différemment à des drames de cette ampleur, et c'est normal. Pourquoi plaindre la France plutôt que le Moyen Orient ? Parce que dans le m..dier sans nom qu'est devenu le Moyen Orient, les massacres sont quotidiens, et on s'habitue à tout, même à l'horreur, et on a des réactions du genre "Ah, tiens ? Encore 50 morts en Irak.... Chérie, passe moi le sel, s'il te plait." Et je ne suis pas certain que la prise d'otage en cours à Bamako suscite autant de réactions de sympathie que les attentats en France, pas par indifférence, mais parce que le Mali est lui aussi, et depuis longtemps, un m..dier sans nom où s'affrontent divers groupuscules. Alors on va plaindre un peu les pauvres maliens et on passera à autre chose.
Mais maintenant, la barbarie s'installe chez nous, un pays en paix depuis 70 ans, et s'infiltre partout. Cette fois ça a pris de telles proportions qu'on se rend compte, en France et dans les pays qui nous soutiennent, que n'importe qui, vous, moi, un parent, un ami, peut devenir la cible de ces tarés lobotomisés par des Imams haineux qui leur commandent de tuer et de mourir en martyrs tout en restant à l'abri.
Alors non, les messages de soutien des médias du monde entier ne me mettent pas hors de moi, parce que chacun se rend compte que ce fléau s'étend et qu'il faut s'unir pour faire face. Que le monde entier pavoise en bleu-blanc-rouge, c'est une manière de dire merde à ces tarés, et c'est très bien. Et pour ceux qui l'auraient manquée, je recommande la vidéo de l'humoriste américain John Oliver qui correspond bien à mon état d'esprit du moment: h**p://www.francetvinfo.fr/faits-divers/terrorisme/attaques-du-13-novembre-a-paris/video-apres-les-attaques-a-paris-un-humoriste-americain-envoie-son-message-aux-terroristes_1179477.html
Merci d'exprimer si bien ce que beaucoup pense: nous avons tous notre sensibilité et nous l'exprimons tous de manière différente d'une situation à une autre. Cela ne veut pas dire que nous sommes insensibles mais simplement différent.
Merci de nous rappeler par ces simples dessins des choses qui devraient être évidentes.
C'est ce qu'on appelle l'impact de la proximité géographique en journalisme. Colette, retraitée, sera horrifiée de savoir qu'on a tagué les murs d'une villa dans son quartier mais par contre n'en aura rien à carrer du petit nigérien qui meurt de faim.Note que je trouve logique d'être plus touché par qqch qui nous est proche. Ce qui apparaît par contre plus problématique et hypocrite, c'est que Daech résulte largement d'actions occidentales au Moyen-Orient, que c'est la population qui en souffre, donc qui immigre en masse chez nous. Que face à ça, les européens et américains veulent pas payer les pots cassés, mais qu'il a fallu attendre les attentas de Paris pour que tout d'un coup, on veuille faire qqch de concret et de fort là-contre (je ne considère pas les interventions qui ont eu lieu jusqu'à maintenant comme un véritable soutien et engagement à la paix)
Je pense que c'est un peu plus compliqué qu'être triste. apres le 11 septembre 2001, en france (et ailleurs) on se sentait concernés, et menacés. Maintenant ça fait un moment qu'il y a des attentats dans des pays qui ne sont pas assez occidentaux pour qu'on se sente au même niveau de menace alors que géographiquement ils sont un peu plus proche que les us. Et maintenant que ça arrive en France, le monde est concerné.
et oui, bien sur que chacun a le droit d'être triste, (d'ailleurs certains sont tellement surs d'être en plein cauchemars qu'ils ne sont pas tristes). Mais on peut aussi de demander pourquoi c'est quand ça nous arrive que le problème devient mondial.
Et sinon je voulais dire que demander aux personnes directement touchés de se faire la reflexion "tiens pourquoi le monde se sent concerné à présent ?" à une semaine des événements ça n'a aucun sens, et c'est plutôt indélicat
On vient houspiller des personnes choquées et traumatisées pour ne pas l'être pour les autres guerres... Je retrouve les même petits saumons qui remontent la rivière, pour ne pas être comme les autres, qu'à l'époque de Charlie Hebdo : c'est ceux-là même qui, d'un coup d'un seul, partageaient furieusement TOUS les articles qui pouvaient leur tomber sous la main (le génocide au Bénin, les enlèvements de Boko Haram, massacres au Kenya...) en scandant haut et fort : "et eux on en parle jamais ???". (alors que s'ils trouvent des articles du Monde à ce propos c'est qu'on en parle, bref) Sauf que leur grand combat soudainement cher à leur coeur s'est essoufflé en même temps que le mouvement "Je suis Charlie". L'hypocrisie est dans les deux sens.
Je suis d'accord qu'il est étrange d'être davantage touché par quelque chose qui se passe sur notre sol. Je ne pense pas que ce soit du patriotisme ou une hiérarchie des nations comme j'ai pu le lire. Je me suis posé la question, en voyant tout ce que j'avais pleuré pour Paris, alors que je lis d'ordinaire l'actualité mondiale avec un fatalisme dur et résigné. Ce n'est pas que ça ne me fait rien. J'ai dû intégrer qu'il s'agissait de "pays en guerre", que c'est la même chose depuis des années. Alors oui, on s'essouffle. Peut-être un besoin, un instinct de survie ? Si je réagissais ainsi à chaque article de malheur mondial (réchauffement climatique, barbaries industrielles, enfants-esclaves, déforestation, pêche profonde, excisions, mariages forcés...), je resterais cloîtrée chez moi, dans mon château de Kleenex, léthargique et impossible de faire quoi que ce soit. Ça ne veut pas pour autant dire que ça m'est égal, loin de là. Mais il y a une accoutumance, à force (et c'est terrible de dire ça, j'en ai conscience). Autre chose, que je vais peut-être formuler maladroitement aussi : à la manière dont on peut s'identifier à un héros de roman, de film : s'il est fille/garçon maigre/rond riche/pauvre et selon ce qui ponctue son quotidien, on se retrouve plus ou moins. D'où l'importance d'inclure la diversité à l'écran, pour dire "Ils/Elles existent" (LGBT, personnes de couleur...) Peut-être suis-je tant touchée par ce qui est arrivé à Paris car ce sont des gens de mon âge, qui font les même choses que moi, habitent dans des habitations similaires à la mienne, qui sortent boire des verres avec des copains et vont voir un concert de rock... Le fameux "ça aurait pu être moi" qui semble tellement égoïste mais qui nous a tous effleurés (Pénélope Bagieu en parle dans son strip pour lemonde.fr)
Je ne cherche pas à justifier le silence autour des drames autres que Paris, ni à minimiser leur importance. J'essaye de comprendre pourquoi... En attendant, merci Laurel (et d'autres) de mettre l'accent sur le besoin de TOLÉRANCE, de BIENVEILLANCE et d'AMOUR dont on en tant besoin actuellement. Ce n'est pas le moment d'aller pointer du doigt celui ou celle qui ne réagit pas comme soi, ni de donner des leçons de morale et d'éthique. On est tous un peu foireux, faillibles... Humains, quoi. Que celui qui n'a jamais péché, tout ça tout ça.
Moi aussi, je me suis retranchée sous un profil bleu/blanc/rouge, sans élévation patriotique ou politique (et je m'en fous de ceux pour qui c'est le cas, tant que ça devient pas un prétexte pour balancer des trucs haineux, racistes, extrêmes). C'était juste un besoin de rassemblement, de nous voir unis, ne fusse-ce qu'un court instant pour une cause commune, celle de la lutte contre la violence et la haine. À critiquer les gens pour la façon dont ils gèrent leur deuil, leur peine, c'est attiser cette haine et cette violence. Live and let live, c'est compliqué mais pas impossible. On me traite aussi de suiveuse, de mouton. À ceux-là, je leur dirai que je préfère être un mouton plutôt qu'un âne qui se prend pour un cheval...
Coeur et amour sur tous, passez une bonne journée.
Bravo Chloé pour votre bon sens ; c'est parfait ! Je parle pour ma part de sentiment de “famille élargie” pour traduire les réactions diverses de chacun. Chacun a plus ou moins besoin de se sentir appartenant à “une famille élargie”, plus ou moins grande, plus ou moins proche de soi. Je connais notamment une personne très bien et très sensible qui n'est pas particulièrement — l'adverbe est important — émue par ces attentats parisiens parce qu'elle se sent très “citoyenne du monde” depuis toujours et c'est très prégnant chez elle. C'est quelqu'un qui partage à l'année, sur son profil FaceBook notamment, des articles et vidéos sur des conflits et problèmes partout dans le monde... Donc elle paraîtra insensible à certains présentement, alors que simplement sa sensibilité s'applique plus “équitablement”, à un niveau mondial, et à l'année. Sa réaction est donc cohérente.
Je vois tout à fait l'idée de la famille élargie, c'est ce qu'ai tenté de dire en parlant de rassemblement, plus ou moins nécessaire selon chacun(e). Pour votre amie et toutes les personnes hypersensibles, je suis navrée pour elles car ce trop plein d'empathie doit être difficile à vivre au quotidien... J'espère que mon message est clair : je n'accuse personne pour la façon dont ils réagissent (ou pas). Je condamne toute forme de jugement, personne n'a la vérité pure et universelle (et certainement pas moi). Je n'aime pas les injonctions, quelles qu'elles soient et juger votre amie d'insensible en ce moment car elle est autant concernée que d'habitude, je trouve cela gratuit et condescendant. Je ne vois pas en quoi ça enrichit d'aller critiquer l'autre, dont on ne connait pas l'histoire, les autres soucis actuels, la personnalité. Le débat est permis bien sûr ! La discussion calme et ouverte d'esprit. Je ne fais pas non plus l'apologie du silence et du repli sur soi, mais il existe un juste milieu. On nous rabâche "On ne dit pas "ce n'est pas bon", on dit "je n'aime pas" toute notre enfance et voilà que devenus adultes nous nous catapultons experts de tout, en préjugeant que notre avis prévaut sur tout et intéressera tous les quidams de passage.
Personnellement, je me force à lire des ouvrages et à participer à des forums à l'opposé de mes opinions, pour ne pas me cantonner à ce qui me rassure et qui va dans mon sens. Je me suis prise de nombreuses claques, en lisant le quotidien de personnes que je n'aurais pas eu la chance de connaître autrement. Ça fait relativiser beaucoup de choses et permet de voir le monde sous des prismes différents. Sans pour autant embrasser toutes les causes et les avis, cela donne matière à travailler et à réfléchir.
Je ne sais pas si vous avez lu Citadelle de Saint Exupéry mais il est fait mention d'une ville dans le désert, impénétrable, parée de murailles insurmontables où la vie se fait en autarcie. Cette ville est jugée monstrueuse par l'auteur, car à vivre coupée de tout, sans se mélanger et laisser la diversité entrer et sortir de son antre, elle finira par pourrir sur place. Je trouve cette métaphore belle et révélatrice.
En bref, si chacun mettait autant d'énergie qu'il en donne à la critique à balayer devant sa porte avant d'aller pointer la paille dans l'oeil du voisin, je pense qu'on vivrait une époque bien plus douce.
Ne vous inquiétez pas Chloé, vous avez été très claire ! Ne soyez pas forcément navrée pour les personnes hypersensibles qui certes, fonctionnent parfois comme des éponges pour toutes les misères du monde, mais sur un autre versant, elles ressentent toutes les joies très fort également et sont très émues par les manifestations d’amour, d’entraide. Comme pour tout le monde, il « suffit » de placer certains filtres entre la réalité et soi pour ne pas qu’elle nous atteigne trop. La personne dont je parlais est un jeune homme (de près de 30 ans donc il conservera cette belle sensibilité je pense) qui par exemple ne va pas aller voir d’images à la télévision en ce moment. Il a simplement écouté la radio. Un certain Toc plus bas parle intelligemment et avec ouverture de ces personnes qui mettent de la distance en intellectualisant les évènements. Leurs réactions, leurs façons de recevoir cette réalité ne sont pas moins « valables », « légitimes ».
Vous avez bien raison de parler d’hypersensibilité. C’est comme si certaines personnes n’éprouvaient pas le phénomène de « blasement » dont on parle et qui concerne la majorité d’entre nous, concernant les tueries dans des régions plus fréquemment éprouvées. Je pense que ces personnes hypersensibles se forment des images à chaque nouvelle de ce genre, leurs capacités d’empathie sont sollicitées dans tous les cas, et donc, il est possible de ne pas se sentir touché « particulièrement » par ces attentats parisiens, même en étant Français, parce qu’on est capable d’un même mouvement d’identification avec n’importe quelle personne dans le monde. Voire dans le temps, car le jeune homme dont je parlais peut avoir les larmes aux yeux rien qu’en pensant aux atrocités de la Grande Guerre. Il ne faut pas être navré car ces gens plus sensibles à tout sont précieux ; ce sont eux qui savent mobiliser à l’étranger ou de manière générale loin des tragédies, qui savent encore s’émouvoir quand les autres finissent par entendre certaines nouvelles tragiques comme un bruit de fond.
Vous avez raison, continuez d’aller écouter tous ces gens qui ne sont pas d’accord avec vous et, plus avancée dans la vie, vous ne ferez pas partie de ces personnes âgées qu'on dit sages mais qui souvent, au contraire, ont fini par se figer dans des pensées étroites, bien loin de la modestie du « je n’aime pas » qu’on nous invitait à embrasser enfant. Vous avez aussi raison d’évoquer Saint-Exupéry dont toutes les œuvres manifestent de grandes « connaissances » en termes d’humanité, de fraternité, d’ouverture d’esprit. Je garde ce titre dans un coin de ma tête.
Ah oui, ces gens qui balancent "quelle hypocrisie" (en général avec le petit air suffisant qui va bien)...j'ai toujours envie de leur demander quel effet ça fait d'être parfait.
C'est curieux. Autant je suis à 100% d'accord avec le dessin, tous les discours pseudos moralistes sur la soit disant hypocrisie des gens qui souffrent face à ce qui s'est passée sont détestables, autant le tweet à l'origine du dessin me donne simplement envie de vomir. Justement parce que ce post empeste le moralisme, le bienpensing, et le refus de l'autre.
Certaines personnes préfèrent intellectualiser et rationnaliser les événements pour essayer de les comprendre plutôt qu'être dans l'émotion. C'est leur manière de s'impliquer dans les événements et des les saisir dans leur globalité. Leur manière de réagir n'est pas plus ou moins légitime que celle qui se manifeste dans l'émotion, et heureusement que tout le monde n'est pas touché de la même manière. Toute la communauté des chercheurs s'est mobilisé dans leurs carnets de recherche et leurs articles pour essayer de comprendre cette montée de la violence et de la terreur, de l'interpréter dans un contexte géopolitique, et de montrer en quoi elle est liée à la logique que nous avons instauré depuis 10 ans. Si on leur refuse le droit de penser les événements sous prétexte qu'on devrait rester dans l'émotion, alors on est dans le jugement moral, celui-là même que critique le dessin de Laurel.
Dans l'après Charlie Hebdo, on a eu le droit à une vague de jugements moralisateurs dignes d'un procès soviétique avec des gamins dénoncés par leur enseignants à la police politique sous prétexte qu'ils ne voulaient pas se dire Charlie. J'espère très sincèrement qu'on en est sorti et que les c***d moralisateurs du post de Laurel (et j'inclue le tweet initial dedans) ne gagneront pas cette fois-ci.
ShamWerks - il y a 9 ans
Merci.
RépondreCamille - il y a 9 ans
Merci.
RépondreAmb - il y a 9 ans
Ce n'est pas une question de se SENTIR TOUCHÉ (ça on n'y peut strictement rien, c'est "naturel", on pleurera plus pour la perte d'un animal ou d'un proche que pour les souffrances qu'on ne voit pas) mais de les CONSIDERER.
RépondreTrouver, comme fait le monde entier, notamment les médias, que c'est une catastrophe, qu'il y aura un "avant-après", et j'en passe, ça c'est pitoyable. Parce que 150 morts, c'est le nombre quotidien de pertes en Syrie, et je ne parle pas d'ailleurs.
Donc OBJECTIVEMENT, avec du recul, (et non par rapport à ce qu'on ressent), non, ce n'est pas une catastrophe, et ce n'est pas pire qu'ailleurs.
Personnellement c'est surtout voir les médias (français, mais aussi du reste du monde) en parler à longueur de journée, voir le drapeau français placardé sur amazon et compagnie, voir les USA illuminer des bâtiments en bleu-blanc-rouge, faire une minute de silence, et j'en passe, qui me met hors de moi.
Parce que personne ne pense, ni ne parle, ni ne met de drapeaux aux couleurs de, ni ne fait de minute de silence pour toutes les autres atrocités quotidiennes de ce monde.
aurelie - il y a 9 ans
J'aurais pas dit mieux merci
RépondrePaladin - il y a 9 ans
Waouh.. c'est les réactions qui te mettent hors de toi ? Tu as bien de la chance... moi c'est les attentats mais bon chacun son échelle de valeur, visiblement la tienne est plus haute. C'est pas une catastrophe donc...
RépondreDésolé mais j'ai du mal à laisser passer ce genre de truc depuis une semaine.
Bma - il y a 9 ans
"Donc OBJECTIVEMENT, avec du recul, (et non par rapport à ce qu'on ressent), non, ce n'est pas une catastrophe, et ce n'est pas pire qu'ailleurs."
RépondrePeux tu me donner l'exemple d'un cas similaire où 150 personnes innocentes, dans un pays démocratique, civilisé et en paix, s’adonnant à leurs loisirs un vendredi soir se font massacrer à l'aide d'armes à feux ?
je suis tout ouïe.
aurelie - il y a 9 ans
Au Kenya qui est un pays civilisé et en paix, plus d'une centained étudiants c'est fait tuer dans leur internat. Au Pakistan une école a été massacrée dans des circonstances similaires.
Répondreyouki - il y a 9 ans
"personne ne pense, ni ne parle(...)"
RépondreSi tu es au courant nous aussi.
Et faux, on trouve beaucoup de choses à ce sujet. L'information n'est pas réprimée.
à ton avis, pourquoi on ne se réuni pas pour faire une simple minute de silence pour tout ce qu'on entend au quotidien ?
Que ce soit nous ou d'autres civils impuissants ailleurs dans le monde c'est le même combat.
Machin - il y a 9 ans
Il y a un avant-après pour moi. Je vis à Paris. Tant que Daesh n'aura pas été exterminé, le "après" ne cessera pas. Même si le avant avait commencé le 7 janvier.
RépondreAmb - il y a 9 ans
Il y a quelque chose que tu n'as pas l'air d'avoir compris dans mon message...
RépondreDonc, une fois encore, c'est une question de ressenti. Oui, MOI, MES sentiments, ça a surtout été de la colère et de l'agacement pour les réactions, et ça me regarde. Je ne vois pas bien le rapport avec une échelle de valeur. Moi aussi je pleure davantage à la perte d'un animal ou d'être proche aimé que lorsque des centaines de gens meurent dans une catastrophe naturelle ou autre. Mais ce n'est pas pour autant que je considère que ça a plus de "valeur". (Je ne comprends vraiment pas l'utilisation du terme de "valeur", mais bon).
Paladin - il y a 9 ans
o que si on comprend très bien ton message. "pitoyable", "hors de toi". on a bien compris t'inquiète pas.
RépondrePaladin - il y a 9 ans
Je rajoute un truc. tu reproches au gens (au monde même) leurs réactions, t'étonnes pas qu'on te reproche la tienne.
RépondreAmb - il y a 9 ans
Oui, je trouve pitoyable et ça me met hors de moi que les médias du monde entier, et que la plupart des pays, sympathisent et fassent tout un foin de cet attentat quand ils ne parlent jamais, ni n'ont rien à carrer, de ce qui se passe ailleurs (comme, oh tiens, les attentats à Beyrouth qui sont arrivés la veille et qui ont été totalement éclipsés).
RépondreEnfin bon, je ne vais pas m'acharner à écrire quand tu ne sais visiblement pas lire ^^ Je n'ai jamais engueulé personne pour son ressenti (comme en parlait tout le premier paragraphe de mon commentaire au dessin de Laurel) donc je trouve marrant que quelqu'un m'engueule pour MON ressenti sur ce qui ne les concerne même pas (à moins que tu sois les médias et les gouvernements du monde entier)
Amb - il y a 9 ans
Et histoire de rajouter aussi, si tu ne sais pas t'exprimer sur internet que par commentaires cinglants, sans débattre calmement et objectivement, c'est pas vraiment la peine d'essayer de le faire.
RépondreAnim★l - il y a 9 ans
« si tu ne sais pas t'exprimer sur internet que par commentaires cinglants, sans débattre calmement et objectivement » — paille, poutre, tout ça.
RépondreNora - il y a 9 ans
Au lieu de se mettre hors de soi, pourquoi ne pas se poser deux minutes et essayer de comprendre la situation? de comprendre les parisiens, les proches et ceux qui se sentent concernés?
RépondrePrimo, mesure-t'on la gravité d'une situation comme ça au nombre de morts? Je trouve ça très limite. Peut-être tout ça, parce que c'est la première fois (pour cette génération) que ces lâches tapent autant au cœur de nos vies, là où tout le monde aurait pu être une des victimes...ce n'étaient ni des caricaturistes engagés, ni des militaires qui ont été mitraillés et sont morts, mais bien toi ou moi. Ne penses-tu pas que ça mérite quelques bougies, de la tristesse? C'est horrible, mais les autres atrocités du monde sont perpétrées loin de nous, jusqu'ici on serrait juste les fesses en espérant que ça ne nous arrive pas. Mais aujourd'hui c'est notre tour, tu peux mettre au placard ta rage mal placée, va. Ou la concentrer sur ceux qui tuent plutôt que sur les survivants.
Amb - il y a 9 ans
Je vais faire un C/C au cas où ce ne serait pas passé la première :
Répondre« Ce n'est pas une question de se SENTIR TOUCHÉ (ça on n'y peut strictement rien, c'est "naturel", on pleurera plus pour la perte d'un animal ou d'un proche que pour les souffrances qu'on ne voit pas) mais de les CONSIDERER. » (considérer objectivement, j'entends, à échelle mondiale, comme fait LE MONDE ENTIER, et les MEDIAS DU MONDE ENTIER, je n'ai jamais cité les français ou les parisiens...)
Voila. Une autre chose qui m'agace, ce sont les gens qui interprète mal (voire lisent mal) des propos pour mal les juger ensuite, c'est super agréable. Je n'ai jamais ragé sur les survivants, donc garde tes jugements de valeurs pour quelque chose de plus adapté.
Cristophe - il y a 9 ans
Tu te déculpabilises de ne pleurer que sur les Français mais tu ne te déculpabilises jamais de porter des fringues fabriquées par des esclaves.
RépondreOn pourrait en inventer des tas de phrases du même genre. Mais peut-être que le jeu est déjà lancé d:-)
Amb - il y a 9 ans
C'est une casquette Nike que porte ton smiley? ^^ (humour)
RépondreAmandine - il y a 9 ans
Certains sont tristes, d'autres sont en colère, voire plein d'une rage plus ou moins mal dirigée. Chacun réagit à sa manière, l'essentiel étant je crois de ne pas rester indifférent.
RépondreMoi je suis triste pour les Parisiens, et aussi pour les Syriens et pour toutes les personnes qui subissent la folie meurtrière d'autres personnes, mais cela ne m'empêche pas de dormir comme c'est le cas pour Laurel. Je ne vais pas pour autant lui dire qu'elle exagère ou qu'elle est trop sensible, ni me mettre à culpabiliser parce que je dors la nuit...
Respectons les sentiments de chacun ...
Paladin - il y a 9 ans
Pour info le soutien des autres nations (en particulier les usa) n'est pas un soutien de façade/hypocrite, des actions TRES concrète et importante ont été prise suite à l'attentat. par exemple : https://fr.wikipedia.org/wiki/Five_Eyes
Répondre(1er paragraphe, c'est un geste super fort)
nico - il y a 9 ans
@ Paladin:
Répondre"ce n'est pas un soutien de façade/hypocrite, des actions TRES concrète et importante ont été prise suite à l'attentat"
N'est-ce pas justement le problème ?
Comme Amb, je suis 100% d'accord sur le fait que les émotions sont quelque chose de personnels et irrationnels, et j'ai moi-même été très touché par les attentats de Paris, bien plus que ceux sur d'autres continents.
Là où ça pose un problème, c'est quand 2 nations subissent le même problème, avec la même gravité, et qu'un pays reçoit énormément d'aide concrète tandis que l'autre ne reçoit rien, simplement parce qu'on se sent plus proche émotionnellement du premier.
Par exemple, dans la chronique "comme convenu", si Joffrey décidait de réduire le salaire d'Adrien et d'augmenter celui de Luc, parce qu'il préfère Luc, tout le monde trouverait ça injuste (notons que si c'est le contraire, p-e que ça passerait mieux).
Les décisions de ce type doivent être le moins influencé par l'émotion possible, et ici, ce n'est apparemment pas le cas.
En pratique, la décision citées (participation de la France aux 5 Eyes) est également le résultat d'enjeu politique. Le fait que cette décision est justifiée comme étant "un acte de soutien" est aussi un problème, car c'est une façon d'utiliser la vague d'émotion qui fait croire au grand public que la situation française est unique pour justifier un traitement différent entre 2 pays.
Papa Hérisson - il y a 9 ans
Deux choses :
Répondre1/on ne choisit pas ce qui nous touche. La proximité "culturelle" des victimes fait que ça nous affecte forcément plus : c'est humain.
2/ça tient aussi au traitement médiatique des différents événements : les médias insistent moins sur les attentats au liban ou en afrique par exemple : les journalistes parlent même pour cela de "mort kilomètre"...
Richard - il y a 9 ans
Chacun réagit différemment à des drames de cette ampleur, et c'est normal. Pourquoi plaindre la France plutôt que le Moyen Orient ? Parce que dans le m..dier sans nom qu'est devenu le Moyen Orient, les massacres sont quotidiens, et on s'habitue à tout, même à l'horreur, et on a des réactions du genre "Ah, tiens ? Encore 50 morts en Irak.... Chérie, passe moi le sel, s'il te plait." Et je ne suis pas certain que la prise d'otage en cours à Bamako suscite autant de réactions de sympathie que les attentats en France, pas par indifférence, mais parce que le Mali est lui aussi, et depuis longtemps, un m..dier sans nom où s'affrontent divers groupuscules. Alors on va plaindre un peu les pauvres maliens et on passera à autre chose.
RépondreMais maintenant, la barbarie s'installe chez nous, un pays en paix depuis 70 ans, et s'infiltre partout. Cette fois ça a pris de telles proportions qu'on se rend compte, en France et dans les pays qui nous soutiennent, que n'importe qui, vous, moi, un parent, un ami, peut devenir la cible de ces tarés lobotomisés par des Imams haineux qui leur commandent de tuer et de mourir en martyrs tout en restant à l'abri.
Alors non, les messages de soutien des médias du monde entier ne me mettent pas hors de moi, parce que chacun se rend compte que ce fléau s'étend et qu'il faut s'unir pour faire face. Que le monde entier pavoise en bleu-blanc-rouge, c'est une manière de dire merde à ces tarés, et c'est très bien. Et pour ceux qui l'auraient manquée, je recommande la vidéo de l'humoriste américain John Oliver qui correspond bien à mon état d'esprit du moment:
h**p://www.francetvinfo.fr/faits-divers/terrorisme/attaques-du-13-novembre-a-paris/video-apres-les-attaques-a-paris-un-humoriste-americain-envoie-son-message-aux-terroristes_1179477.html
Yann J - il y a 9 ans
Merci d'exprimer si bien ce que beaucoup pense: nous avons tous notre sensibilité et nous l'exprimons tous de manière différente d'une situation à une autre. Cela ne veut pas dire que nous sommes insensibles mais simplement différent.
RépondreMerci de nous rappeler par ces simples dessins des choses qui devraient être évidentes.
petitelune - il y a 9 ans
C'est ce qu'on appelle l'impact de la proximité géographique en journalisme. Colette, retraitée, sera horrifiée de savoir qu'on a tagué les murs d'une villa dans son quartier mais par contre n'en aura rien à carrer du petit nigérien qui meurt de faim.Note que je trouve logique d'être plus touché par qqch qui nous est proche.
RépondreCe qui apparaît par contre plus problématique et hypocrite, c'est que Daech résulte largement d'actions occidentales au Moyen-Orient, que c'est la population qui en souffre, donc qui immigre en masse chez nous. Que face à ça, les européens et américains veulent pas payer les pots cassés, mais qu'il a fallu attendre les attentas de Paris pour que tout d'un coup, on veuille faire qqch de concret et de fort là-contre (je ne considère pas les interventions qui ont eu lieu jusqu'à maintenant comme un véritable soutien et engagement à la paix)
blou - il y a 9 ans
Je pense que c'est un peu plus compliqué qu'être triste. apres le 11 septembre 2001, en france (et ailleurs) on se sentait concernés, et menacés. Maintenant ça fait un moment qu'il y a des attentats dans des pays qui ne sont pas assez occidentaux pour qu'on se sente au même niveau de menace alors que géographiquement ils sont un peu plus proche que les us. Et maintenant que ça arrive en France, le monde est concerné.
Répondreet oui, bien sur que chacun a le droit d'être triste, (d'ailleurs certains sont tellement surs d'être en plein cauchemars qu'ils ne sont pas tristes). Mais on peut aussi de demander pourquoi c'est quand ça nous arrive que le problème devient mondial.
blou - il y a 9 ans
Et sinon je voulais dire que demander aux personnes directement touchés de se faire la reflexion "tiens pourquoi le monde se sent concerné à présent ?" à une semaine des événements ça n'a aucun sens, et c'est plutôt indélicat
RépondreChloé - il y a 9 ans
On vient houspiller des personnes choquées et traumatisées pour ne pas l'être pour les autres guerres... Je retrouve les même petits saumons qui remontent la rivière, pour ne pas être comme les autres, qu'à l'époque de Charlie Hebdo : c'est ceux-là même qui, d'un coup d'un seul, partageaient furieusement TOUS les articles qui pouvaient leur tomber sous la main (le génocide au Bénin, les enlèvements de Boko Haram, massacres au Kenya...) en scandant haut et fort : "et eux on en parle jamais ???". (alors que s'ils trouvent des articles du Monde à ce propos c'est qu'on en parle, bref)
RépondreSauf que leur grand combat soudainement cher à leur coeur s'est essoufflé en même temps que le mouvement "Je suis Charlie". L'hypocrisie est dans les deux sens.
Je suis d'accord qu'il est étrange d'être davantage touché par quelque chose qui se passe sur notre sol. Je ne pense pas que ce soit du patriotisme ou une hiérarchie des nations comme j'ai pu le lire. Je me suis posé la question, en voyant tout ce que j'avais pleuré pour Paris, alors que je lis d'ordinaire l'actualité mondiale avec un fatalisme dur et résigné. Ce n'est pas que ça ne me fait rien. J'ai dû intégrer qu'il s'agissait de "pays en guerre", que c'est la même chose depuis des années. Alors oui, on s'essouffle. Peut-être un besoin, un instinct de survie ? Si je réagissais ainsi à chaque article de malheur mondial (réchauffement climatique, barbaries industrielles, enfants-esclaves, déforestation, pêche profonde, excisions, mariages forcés...), je resterais cloîtrée chez moi, dans mon château de Kleenex, léthargique et impossible de faire quoi que ce soit. Ça ne veut pas pour autant dire que ça m'est égal, loin de là. Mais il y a une accoutumance, à force (et c'est terrible de dire ça, j'en ai conscience).
Autre chose, que je vais peut-être formuler maladroitement aussi : à la manière dont on peut s'identifier à un héros de roman, de film : s'il est fille/garçon maigre/rond riche/pauvre et selon ce qui ponctue son quotidien, on se retrouve plus ou moins. D'où l'importance d'inclure la diversité à l'écran, pour dire "Ils/Elles existent" (LGBT, personnes de couleur...) Peut-être suis-je tant touchée par ce qui est arrivé à Paris car ce sont des gens de mon âge, qui font les même choses que moi, habitent dans des habitations similaires à la mienne, qui sortent boire des verres avec des copains et vont voir un concert de rock... Le fameux "ça aurait pu être moi" qui semble tellement égoïste mais qui nous a tous effleurés (Pénélope Bagieu en parle dans son strip pour lemonde.fr)
Je ne cherche pas à justifier le silence autour des drames autres que Paris, ni à minimiser leur importance. J'essaye de comprendre pourquoi... En attendant, merci Laurel (et d'autres) de mettre l'accent sur le besoin de TOLÉRANCE, de BIENVEILLANCE et d'AMOUR dont on en tant besoin actuellement. Ce n'est pas le moment d'aller pointer du doigt celui ou celle qui ne réagit pas comme soi, ni de donner des leçons de morale et d'éthique. On est tous un peu foireux, faillibles... Humains, quoi.
Que celui qui n'a jamais péché, tout ça tout ça.
Moi aussi, je me suis retranchée sous un profil bleu/blanc/rouge, sans élévation patriotique ou politique (et je m'en fous de ceux pour qui c'est le cas, tant que ça devient pas un prétexte pour balancer des trucs haineux, racistes, extrêmes). C'était juste un besoin de rassemblement, de nous voir unis, ne fusse-ce qu'un court instant pour une cause commune, celle de la lutte contre la violence et la haine. À critiquer les gens pour la façon dont ils gèrent leur deuil, leur peine, c'est attiser cette haine et cette violence. Live and let live, c'est compliqué mais pas impossible.
On me traite aussi de suiveuse, de mouton. À ceux-là, je leur dirai que je préfère être un mouton plutôt qu'un âne qui se prend pour un cheval...
Coeur et amour sur tous, passez une bonne journée.
Ewan - il y a 9 ans
Bravo Chloé pour votre bon sens ; c'est parfait ! Je parle pour ma part de sentiment de “famille élargie” pour traduire les réactions diverses de chacun. Chacun a plus ou moins besoin de se sentir appartenant à “une famille élargie”, plus ou moins grande, plus ou moins proche de soi. Je connais notamment une personne très bien et très sensible qui n'est pas particulièrement — l'adverbe est important — émue par ces attentats parisiens parce qu'elle se sent très “citoyenne du monde” depuis toujours et c'est très prégnant chez elle. C'est quelqu'un qui partage à l'année, sur son profil FaceBook notamment, des articles et vidéos sur des conflits et problèmes partout dans le monde... Donc elle paraîtra insensible à certains présentement, alors que simplement sa sensibilité s'applique plus “équitablement”, à un niveau mondial, et à l'année. Sa réaction est donc cohérente.
RépondreEt de l'amour sur vous aussi :¬).
Chloé - il y a 9 ans
Merci Ewan pour votre soutien.
RépondreJe vois tout à fait l'idée de la famille élargie, c'est ce qu'ai tenté de dire en parlant de rassemblement, plus ou moins nécessaire selon chacun(e).
Pour votre amie et toutes les personnes hypersensibles, je suis navrée pour elles car ce trop plein d'empathie doit être difficile à vivre au quotidien... J'espère que mon message est clair : je n'accuse personne pour la façon dont ils réagissent (ou pas). Je condamne toute forme de jugement, personne n'a la vérité pure et universelle (et certainement pas moi).
Je n'aime pas les injonctions, quelles qu'elles soient et juger votre amie d'insensible en ce moment car elle est autant concernée que d'habitude, je trouve cela gratuit et condescendant.
Je ne vois pas en quoi ça enrichit d'aller critiquer l'autre, dont on ne connait pas l'histoire, les autres soucis actuels, la personnalité.
Le débat est permis bien sûr ! La discussion calme et ouverte d'esprit. Je ne fais pas non plus l'apologie du silence et du repli sur soi, mais il existe un juste milieu.
On nous rabâche "On ne dit pas "ce n'est pas bon", on dit "je n'aime pas" toute notre enfance et voilà que devenus adultes nous nous catapultons experts de tout, en préjugeant que notre avis prévaut sur tout et intéressera tous les quidams de passage.
Personnellement, je me force à lire des ouvrages et à participer à des forums à l'opposé de mes opinions, pour ne pas me cantonner à ce qui me rassure et qui va dans mon sens. Je me suis prise de nombreuses claques, en lisant le quotidien de personnes que je n'aurais pas eu la chance de connaître autrement. Ça fait relativiser beaucoup de choses et permet de voir le monde sous des prismes différents. Sans pour autant embrasser toutes les causes et les avis, cela donne matière à travailler et à réfléchir.
Je ne sais pas si vous avez lu Citadelle de Saint Exupéry mais il est fait mention d'une ville dans le désert, impénétrable, parée de murailles insurmontables où la vie se fait en autarcie. Cette ville est jugée monstrueuse par l'auteur, car à vivre coupée de tout, sans se mélanger et laisser la diversité entrer et sortir de son antre, elle finira par pourrir sur place. Je trouve cette métaphore belle et révélatrice.
En bref, si chacun mettait autant d'énergie qu'il en donne à la critique à balayer devant sa porte avant d'aller pointer la paille dans l'oeil du voisin, je pense qu'on vivrait une époque bien plus douce.
Bien à vous.
Ewan - il y a 9 ans
Ne vous inquiétez pas Chloé, vous avez été très claire ! Ne soyez pas forcément navrée pour les personnes hypersensibles qui certes, fonctionnent parfois comme des éponges pour toutes les misères du monde, mais sur un autre versant, elles ressentent toutes les joies très fort également et sont très émues par les manifestations d’amour, d’entraide. Comme pour tout le monde, il « suffit » de placer certains filtres entre la réalité et soi pour ne pas qu’elle nous atteigne trop. La personne dont je parlais est un jeune homme (de près de 30 ans donc il conservera cette belle sensibilité je pense) qui par exemple ne va pas aller voir d’images à la télévision en ce moment. Il a simplement écouté la radio. Un certain Toc plus bas parle intelligemment et avec ouverture de ces personnes qui mettent de la distance en intellectualisant les évènements. Leurs réactions, leurs façons de recevoir cette réalité ne sont pas moins « valables », « légitimes ».
RépondreVous avez bien raison de parler d’hypersensibilité. C’est comme si certaines personnes n’éprouvaient pas le phénomène de « blasement » dont on parle et qui concerne la majorité d’entre nous, concernant les tueries dans des régions plus fréquemment éprouvées. Je pense que ces personnes hypersensibles se forment des images à chaque nouvelle de ce genre, leurs capacités d’empathie sont sollicitées dans tous les cas, et donc, il est possible de ne pas se sentir touché « particulièrement » par ces attentats parisiens, même en étant Français, parce qu’on est capable d’un même mouvement d’identification avec n’importe quelle personne dans le monde. Voire dans le temps, car le jeune homme dont je parlais peut avoir les larmes aux yeux rien qu’en pensant aux atrocités de la Grande Guerre. Il ne faut pas être navré car ces gens plus sensibles à tout sont précieux ; ce sont eux qui savent mobiliser à l’étranger ou de manière générale loin des tragédies, qui savent encore s’émouvoir quand les autres finissent par entendre certaines nouvelles tragiques comme un bruit de fond.
Vous avez raison, continuez d’aller écouter tous ces gens qui ne sont pas d’accord avec vous et, plus avancée dans la vie, vous ne ferez pas partie de ces personnes âgées qu'on dit sages mais qui souvent, au contraire, ont fini par se figer dans des pensées étroites, bien loin de la modestie du « je n’aime pas » qu’on nous invitait à embrasser enfant. Vous avez aussi raison d’évoquer Saint-Exupéry dont toutes les œuvres manifestent de grandes « connaissances » en termes d’humanité, de fraternité, d’ouverture d’esprit. Je garde ce titre dans un coin de ma tête.
Auryn - il y a 9 ans
Ah oui, ces gens qui balancent "quelle hypocrisie" (en général avec le petit air suffisant qui va bien)...j'ai toujours envie de leur demander quel effet ça fait d'être parfait.
RépondreToc - il y a 9 ans
C'est curieux. Autant je suis à 100% d'accord avec le dessin, tous les discours pseudos moralistes sur la soit disant hypocrisie des gens qui souffrent face à ce qui s'est passée sont détestables, autant le tweet à l'origine du dessin me donne simplement envie de vomir. Justement parce que ce post empeste le moralisme, le bienpensing, et le refus de l'autre.
RépondreCertaines personnes préfèrent intellectualiser et rationnaliser les événements pour essayer de les comprendre plutôt qu'être dans l'émotion. C'est leur manière de s'impliquer dans les événements et des les saisir dans leur globalité. Leur manière de réagir n'est pas plus ou moins légitime que celle qui se manifeste dans l'émotion, et heureusement que tout le monde n'est pas touché de la même manière. Toute la communauté des chercheurs s'est mobilisé dans leurs carnets de recherche et leurs articles pour essayer de comprendre cette montée de la violence et de la terreur, de l'interpréter dans un contexte géopolitique, et de montrer en quoi elle est liée à la logique que nous avons instauré depuis 10 ans. Si on leur refuse le droit de penser les événements sous prétexte qu'on devrait rester dans l'émotion, alors on est dans le jugement moral, celui-là même que critique le dessin de Laurel.
Dans l'après Charlie Hebdo, on a eu le droit à une vague de jugements moralisateurs dignes d'un procès soviétique avec des gamins dénoncés par leur enseignants à la police politique sous prétexte qu'ils ne voulaient pas se dire Charlie. J'espère très sincèrement qu'on en est sorti et que les c***d moralisateurs du post de Laurel (et j'inclue le tweet initial dedans) ne gagneront pas cette fois-ci.
Clémence - il y a 9 ans
Ta grand-mère est morte et tu pleures ? La grand-mère de ton voisin est morte et tu ne pleures pas ?
RépondreSi nous réagissions de la même manière pour chaque décès, nous deviendrions complètement insensibles par protection.