Toujours les BD un peu manichéennes pour faire réagir, Laurel? :D Les deux modèles (faible risque -petites sommes/ risque élevé-forte sommes) ont leurs avantages et leurs inconvénients.
Comme dit l'Ecureuil, la banque perd une occasion de se faire beaucoup d'argent. Mais elle évite aussi le risque de perdre beaucoup d'argent. Tout est une question de balance entre risque de perte, risque de gain, montant du gain/perte.
Prêter de fortes sommes est associé à un gain comme à un risque élevé. Si la banque fait trop de prêt à risque élevé, elle risque de faire faillite: "bonsoir messieurs dames, on ferme, et l'argent que vous nous aviez confié, on se le garde pour payer nos créanciers". Ce qui fait que les locataires (par exemple) ne peuvent plus payer leur loyer vu que leur banque est fermée. Ce qui fait que les propriétaires n'ont plus de revenus et font aussi faillite... donc les banques desdits propriétaires font aussi faillite... et au final du final de la catastrophe, l’État lui même fait faillite, avec dévaluation de la monnaie, les brouettes de billets requises pour acheter une patate, etc. L'Allemagne en a gardé un très mauvais souvenir (ce qui a fait qu'elle impose encore certaines règles à l'échelle Européenne), un certain parti populiste en ayant profité pour s'imposer (désolé pour le point Godwin).
Et encore, il s'agit de la version simple. Dans la version complexe, de ce modèle, les banques ayant des risques élevés peuvent prendre une assurance. Évidemment, l'assureur fait lui aussi un pari: le pari que sur le total des personnes qu'il assure, il va y en avoir suffisamment peu pour lesquelles il va devoir verser la prime d'assurance. L'assurance peut aussi s'assurer à son tour... Mais au final trop de risque conduit au même phénomène: défaut de paiement= Crise.
Pour éviter d'avoir un risque trop élevé, les banques qui prêtent à ces jeunes boulangers diminuent les risques de trop grosse perte en prenant en contrepartie beaucoup de prêts fiables mais qui rapportent peu. Par exemple les prêts d’États. C'est la raison pour laquelle, par exemple, en ce moment, des banques prêtent de l'argent à la France à un taux négatif (autrement dit, la France remboursera "moins" que ce qu'elle a emprunté!). C'est parce que les banquiers estiment que prêter de l'argent à la France a un risque quasi nul que cet argent ne soit pas remboursé, donc que si leurs prêts "performants mais à risque" n'étaient pas remboursés, ils seraient sur de récupérer l'argent prêté à la France. Cette méthode peut éventuellement être couplé à des méthodes plus complexes comme par le biais des assurances, mais c'est l'idée.
Rappel: un état qui possède sa propre monnaie ne peut pas faire faillite; seuls les états qui empruntent dans une monnaie qu'ils ne contrôlent pas font faillite... Dans le cas d'une monnaie souveraine, on a au pire de l'hyper inflation (qui amène d'autres soucis, mais pas la faillite)
Quand l'inflation fait que tu ais obligé d'utiliser une brouette pour t'acheter une patate... ça sent pas bon. Je me demande si un Etat peut faire faillite. Par faillite j'entends: - non reconnaissance des dettes à l'égard des citoyens ne faisant pas partie de l'Etat. - changement de la monnaie avec nouvelle monnaie indexée sur un taux spécifique. Mais en tout cas je félicite Laurel pour avoir lancé un débat aussi subtil.
quand il y a hyperinflation, c'est que le politique est en crise grave, à chaque fois: quand la guerre est à la porte, l'argent ne vaut plus rien.
Sinon, un état qui n'a pas remboursé ses dettes récemment, et sans dommages aucun: l'Allemagne, qui a fait défaut en 1990 sur ce qu'elle devait au titre des dommages de guerre
La France a dévalué post guerre de 1914 (franc poincaré...) ce qui a entrainé un défaut de fait sur les crédits en franc-or pris pendant la guerre (et ruiné les rentiers, mais aussi relancé l'économie)
Le royaume-uni post seconde guerre a laissé l'inflation diminuer la valeur de ses dettes.
L'argentine a carrément fait défaut en 2002 (ou 2001, j'ai un doute): les USA avaient fait saisir une frégate de la marine argentine dans le port de NY quelques années après. On touche là les limites de la "monnaie souveraine", car l'Argentine était très dollarisée.
Au XIXème, une bonne part du phénomène de colonisation est lié à des prêts entre états très inégaux sur le plan de la solidité politique. L'autriche prête à la Serbie en échange du contrôle de ses chemins de fer, la GB et la Russie à la Perse en échange de ses douanes... Je pense que c'est ce qui se rapproche le plus de la faillite: un créancier qui se sert par la violence pour se rembourser.
Oups, j'ai encore fait un peu long. Je vais essayer de faire plus court, mais pas garanti. Sujet complexe(!). Et en plus, je ne suis pas banquier :D!
J'ai mentionné la notion de risque (et son corollaire, la confiance). A priori un salarié en CDI avec un bon salaire a moins de risques qu'un simple stagiaire semi-smicard. Et prêter de petites sommes dilue les risques. Sur 1000personnes à qui on prête 10€, la probabilité qu'aucun ne rembourse est plus faible qu'une seule personne à qui on prête 10000€. Le banquier va chercher à estimer le mieux possible le risque de ne pas être remboursé. Plus ce risque sera faible, plus il pourra se permettre de risquer de prêter une forte somme (et donc de gagner beaucoup d'argent).
Un bon salaire c'est une chose. Mais ce qui va compter aussi, c'est en fait la capacité à rembourser quelques soient les aléas. Caricature: un emploi de fonctionnaire en France garanti un salaire versé à vie. Si l'employé gagne 2000€/mois, qu'il a 30ans, cela garanti (presque) au banquier qu'il pourra lui rembourser presque un million d'euro avec une très forte certitude. Il pourra aussi lui demander s'il n'a pas d'autres prêts en cours (donc s'il ne claque pas tout au casino), s'il a femme et enfants (donc peu probable qu'il "déménage" subitement), lui faire passer des examens de santé (peu de risque qu'il meure avant d'avoir remboursé), etc. Un tel fonctionnaire à 2000€ sera même plus fiable qu'un CDD à 5000€.
Le jeune homme stagiaire qui demande 135000€ est plein de bonne volonté, courageux, travailleur. Why not. Mais ça se mesure comment, la bonne volonté, le courage, les capacités de travail? Si on se fie à l'air apparent du bonhomme, on risque -toute ressemblance avec une histoire étant survenue sur un blog, etc.- de se retrouver avec un jeune homme "ayant l'air" mais pas fiable au final. Par contre, si le jeune homme a déjà -par exemple- monté une petite boite de service à domicile de livraison de pain, a un super diplôme de boulanger, a travaillé pour des boulangers prestigieux et a leur recommandations, c'est un indice qu'il a réellement des qualités... et que le risque qu'il ne rembourse pas est faible. Restera alors à se renseigner sur sa santé... Et à partir de là le banquier pourra estimer une somme maximale que lui est capable de prêter... sans trop de risque. Quitte à prêter à une dizaines de jeunes personnes à priori fiables, avec le calcul que si l'un d'entre eux fait faillite... le gain apporté par les autres compensera largement la faillite.
Pour un parallèle avec la vie du citoyen moyen, c'est un peu comme la différence entre le livret A et jouer en bourse. Jouer en bourse nécessite d'avoir les (bonnes) informations pour être (quasi) sûr de ne pas perdre.
PS: là aussi, on se retrouve avec des éléments liés au pays concerné. Il est peu probable en France qu'un employé en CDI ne puisse pas rembourser ses 35000€... parce que, qu'il le veuille ou non, la banque se servira directement sur son salaire et qu'il ne peut pas donner sa démission du jour au lendemain ;-).
Une dernière pour la route... N'étant pas banquier et m'étant donc brièvement documenté sur la question depuis tout à l'heure, je me demande si tu ne fais pas une erreur de langage... Le mot "banque" semble désigner beaucoup d'institutions variées en fait, et ayant parfois des activités très différentes. Celles qui font des choses comme un prêt pour un véhicule ou éventuellement pour un achat immobilier pour un particulier sont très différentes de celles qui permettent de créer une entreprise. Leurs approches sont différentes et leurs capacités aussi. Demander à une banque de spécialisée dans le crédit immobilier de faire du capital risque (je crois que c'est le terme pour le genre de prêt requis pour créer sa boite), c'est probablement comme de demander à un coloriste de faire le scénario d'un dessin animé. Les deux sont des arts graphiques mais ça ne demande pas les mêmes compétences.
Dites les gens vous avez compris que c'est l'écureuil qui parle au moins ? Depuis le début de Comme convenu, les écureuils sont des personnages qui représentent les théories libérales, et qui agissent souvent de façon assez odieuse (vous vous souvenez qu'ils soutenaient Joefffey au moins ?). Du coup c'est évidemment une caricature, et on voit bien Brume qui essaie tant bien que mal d'en placer une. On est dans un effet comique avant tout et les pages suivantes vont relativiser tout ce qui est dit ici. Du coup est-ce vraiment nécessaire de se lancer dans un exposé sur le fonctionnement du système bancaire ?
J'ai envoyé en off à laurel le message suivant. Je le transcrit puisque ça semble nécessaire. 1- Laurel est la taulière donc si elle veut supprimer un message c'est son droit 2- Je soupçonne Laurel de chercher à provoquer de manière à avoir des réponses intéressantes.
A part ça, tu as probablement raison sur les écureuil.
@ Youpi : Je précise que tes remarques sur le système bancaire sont tout à fait pertinentes (comme ceux des commentaires plus bas d'ailleurs) C'est juste que la réflexion de la page est portée par un odieux écureuils californien néoliberale qu'on.
l'exposé me paraît pas inutile ni inintéressant... Après on n'est pas forcé de le lire. Il est vrai qu'on ne sait pas ce que la prochaine planche va dire, si elle nuance ou non... je ne crois pas que l'exposé était méchant envers Laurel, et je trouve aussi qu'elle a tendance à présenter les choses de façon manichéenne. MAIS c'est peut-être un choix artistique, pour simplifier le récit, etc... En tous cas c'est son choix, et le respecter, ça n'empêche pas de commenter...
J'ajoute que Laurel a l'air (je précise "a l'air" c'est une supposition) de défendre souvent le modèle américain dans ses BD. A raison ou à tort, je n'en sais rien, je n'y connais rien, et c'est une opinion. Mais être contre le capitalisme et défendre le système américain me semble étrange. Bon, j'ai jamais vécu là bas, donc...
Je me permets à nouveau de rebondir sur l'exposé de Youpi : en théorie économique, c'est exactement ca. En pratique, c'est ca, augmenté d'un volet socio-culturel. (un peu développé dans le fait que les banques ont des activités variées) Le banquier, il a un boss. Si ce banquier était "différent", et accordait un crédit à ce jeune boulanger, lequel serait capable de proposer des garanties solides mais non conventionnelles. (genre, il rachète un fond de commerce bien moins cher que son prix de revente potentiel, car il connaissait bien le vendeur) Si le boss apprend (et il va l'apprendre) que le conseiller a refilé un prêt à un jeune sans fonds ni caution, le boss va expliquer au conseiller qu'il n'a pas besoin de revenir lundi. En pratique, ce conseiller miraculeux n'est même jamais devenu conseiller, ca fait longtemps qu'on lui a montré la porte. A l'inverse, s'il n'accorde pas des prêts à des gens qui ont exactement le profil sociologique que le boss lui-même (donc, "de confiance" selon l'avis du boss), le boss va lui demander pourquoi il ne fait pas ses chiffres.
Bref, je le redis : faire comme tout le monde, parce que ceux qui ne font pas pareil, ils ne rentrent simplement pas dans le système... Parce qu'un système différent n'est simplement pas stable, et n'existe donc pas (pas longtemps en tout cas) Ironiquement, c'est d'ailleurs la même interdépendance entre les banques et l'état qui font que les banques sont si durables : ils sont sur un système extrêmement stable, notamment car ils sont très conventionnels.
Aujourd'hui (très schématiquement) la plupart des banques sont considérées "Too big to fail" voire "Too big to jail", c'est-à-dire que les états les renflouent quand elles ont accumulé trop d'emprunts toxiques, et qu'elles échappent aux poursuites pénales qui mettraient en péril leur activité... car ça mettrait en péril l'ensemble du système monétaire sur lequel l'humanité s'est organisée depuis, mettons environ 3500 ans voire plus. Pour ce qui est des commentaires, effectivement, on a souvent tendance à réagir sur la page en cours alors que l'autrice a déjà la page suivante en tête ou prête à publier... mais les débats sont effectivement intéressants. Le souci majeur étant qu'on n'a pas réussi pour le moment à trouver une alternative au système bancaire, et que la finalité principale des banques aujourd'hui est, en deuxième lieu, de financer l'économie, et en premier lieu, de faire le maximum de bénéfices ; alors qu'intervertir les deux permettrait sans doute de régler beaucoup de soucis humains voire écologiques sur notre planète.
Sans reprendre ce qui a été expliqué et fort bien développé plus haut. Je vais juste en donner une version "simplifiée" (voir même simpliste pour les initiés) : Un banque ne gère pas de l'argent, elle gère le "coût" de l'argent. Quelle est la probabilité qu'une jeune personne n'ayant aucune notion de la gestion d'entreprise se casse les dents sur son premier commerce ? (Indépendamment de sa valeur et compétence artisanale) Quelle est la probabilité que le cadre sup en CDI pète un câble et organise sa faillite personnelle ? C'est en fonction de ce risque que la banque paiera au marché un coût différent de l'argent qu'elle prête.
Banquier, c'est un métier. Boulanger aussi. Patron également.
a - il y a 5 ans
J'ai l'impression que tu te perds un peu car tu ne sais pas de quoi tu parles. Banquier c'est un métier.
RépondreYoupi - il y a 5 ans
Toujours les BD un peu manichéennes pour faire réagir, Laurel? :D
RépondreLes deux modèles (faible risque -petites sommes/ risque élevé-forte sommes) ont leurs avantages et leurs inconvénients.
Comme dit l'Ecureuil, la banque perd une occasion de se faire beaucoup d'argent. Mais elle évite aussi le risque de perdre beaucoup d'argent. Tout est une question de balance entre risque de perte, risque de gain, montant du gain/perte.
Prêter de fortes sommes est associé à un gain comme à un risque élevé. Si la banque fait trop de prêt à risque élevé, elle risque de faire faillite: "bonsoir messieurs dames, on ferme, et l'argent que vous nous aviez confié, on se le garde pour payer nos créanciers". Ce qui fait que les locataires (par exemple) ne peuvent plus payer leur loyer vu que leur banque est fermée. Ce qui fait que les propriétaires n'ont plus de revenus et font aussi faillite... donc les banques desdits propriétaires font aussi faillite... et au final du final de la catastrophe, l’État lui même fait faillite, avec dévaluation de la monnaie, les brouettes de billets requises pour acheter une patate, etc. L'Allemagne en a gardé un très mauvais souvenir (ce qui a fait qu'elle impose encore certaines règles à l'échelle Européenne), un certain parti populiste en ayant profité pour s'imposer (désolé pour le point Godwin).
Et encore, il s'agit de la version simple.
Dans la version complexe, de ce modèle, les banques ayant des risques élevés peuvent prendre une assurance. Évidemment, l'assureur fait lui aussi un pari: le pari que sur le total des personnes qu'il assure, il va y en avoir suffisamment peu pour lesquelles il va devoir verser la prime d'assurance. L'assurance peut aussi s'assurer à son tour...
Mais au final trop de risque conduit au même phénomène: défaut de paiement= Crise.
Pour éviter d'avoir un risque trop élevé, les banques qui prêtent à ces jeunes boulangers diminuent les risques de trop grosse perte en prenant en contrepartie beaucoup de prêts fiables mais qui rapportent peu. Par exemple les prêts d’États. C'est la raison pour laquelle, par exemple, en ce moment, des banques prêtent de l'argent à la France à un taux négatif (autrement dit, la France remboursera "moins" que ce qu'elle a emprunté!). C'est parce que les banquiers estiment que prêter de l'argent à la France a un risque quasi nul que cet argent ne soit pas remboursé, donc que si leurs prêts "performants mais à risque" n'étaient pas remboursés, ils seraient sur de récupérer l'argent prêté à la France.
Cette méthode peut éventuellement être couplé à des méthodes plus complexes comme par le biais des assurances, mais c'est l'idée.
TCHAF - il y a 5 ans
Rappel: un état qui possède sa propre monnaie ne peut pas faire faillite; seuls les états qui empruntent dans une monnaie qu'ils ne contrôlent pas font faillite... Dans le cas d'une monnaie souveraine, on a au pire de l'hyper inflation (qui amène d'autres soucis, mais pas la faillite)
RépondreYoupi - il y a 5 ans
Quand l'inflation fait que tu ais obligé d'utiliser une brouette pour t'acheter une patate... ça sent pas bon.
RépondreJe me demande si un Etat peut faire faillite. Par faillite j'entends:
- non reconnaissance des dettes à l'égard des citoyens ne faisant pas partie de l'Etat.
- changement de la monnaie avec nouvelle monnaie indexée sur un taux spécifique.
Mais en tout cas je félicite Laurel pour avoir lancé un débat aussi subtil.
tchaf - il y a 5 ans
quand il y a hyperinflation, c'est que le politique est en crise grave, à chaque fois: quand la guerre est à la porte, l'argent ne vaut plus rien.
RépondreSinon, un état qui n'a pas remboursé ses dettes récemment, et sans dommages aucun: l'Allemagne, qui a fait défaut en 1990 sur ce qu'elle devait au titre des dommages de guerre
La France a dévalué post guerre de 1914 (franc poincaré...) ce qui a entrainé un défaut de fait sur les crédits en franc-or pris pendant la guerre (et ruiné les rentiers, mais aussi relancé l'économie)
Le royaume-uni post seconde guerre a laissé l'inflation diminuer la valeur de ses dettes.
L'argentine a carrément fait défaut en 2002 (ou 2001, j'ai un doute): les USA avaient fait saisir une frégate de la marine argentine dans le port de NY quelques années après. On touche là les limites de la "monnaie souveraine", car l'Argentine était très dollarisée.
Au XIXème, une bonne part du phénomène de colonisation est lié à des prêts entre états très inégaux sur le plan de la solidité politique. L'autriche prête à la Serbie en échange du contrôle de ses chemins de fer, la GB et la Russie à la Perse en échange de ses douanes... Je pense que c'est ce qui se rapproche le plus de la faillite: un créancier qui se sert par la violence pour se rembourser.
Youpi - il y a 5 ans
Oups, j'ai encore fait un peu long.
RépondreJe vais essayer de faire plus court, mais pas garanti. Sujet complexe(!). Et en plus, je ne suis pas banquier :D!
J'ai mentionné la notion de risque (et son corollaire, la confiance). A priori un salarié en CDI avec un bon salaire a moins de risques qu'un simple stagiaire semi-smicard. Et prêter de petites sommes dilue les risques. Sur 1000personnes à qui on prête 10€, la probabilité qu'aucun ne rembourse est plus faible qu'une seule personne à qui on prête 10000€.
Le banquier va chercher à estimer le mieux possible le risque de ne pas être remboursé. Plus ce risque sera faible, plus il pourra se permettre de risquer de prêter une forte somme (et donc de gagner beaucoup d'argent).
Un bon salaire c'est une chose. Mais ce qui va compter aussi, c'est en fait la capacité à rembourser quelques soient les aléas.
Caricature: un emploi de fonctionnaire en France garanti un salaire versé à vie. Si l'employé gagne 2000€/mois, qu'il a 30ans, cela garanti (presque) au banquier qu'il pourra lui rembourser presque un million d'euro avec une très forte certitude. Il pourra aussi lui demander s'il n'a pas d'autres prêts en cours (donc s'il ne claque pas tout au casino), s'il a femme et enfants (donc peu probable qu'il "déménage" subitement), lui faire passer des examens de santé (peu de risque qu'il meure avant d'avoir remboursé), etc. Un tel fonctionnaire à 2000€ sera même plus fiable qu'un CDD à 5000€.
Le jeune homme stagiaire qui demande 135000€ est plein de bonne volonté, courageux, travailleur. Why not. Mais ça se mesure comment, la bonne volonté, le courage, les capacités de travail?
Si on se fie à l'air apparent du bonhomme, on risque -toute ressemblance avec une histoire étant survenue sur un blog, etc.- de se retrouver avec un jeune homme "ayant l'air" mais pas fiable au final. Par contre, si le jeune homme a déjà -par exemple- monté une petite boite de service à domicile de livraison de pain, a un super diplôme de boulanger, a travaillé pour des boulangers prestigieux et a leur recommandations, c'est un indice qu'il a réellement des qualités... et que le risque qu'il ne rembourse pas est faible. Restera alors à se renseigner sur sa santé... Et à partir de là le banquier pourra estimer une somme maximale que lui est capable de prêter... sans trop de risque. Quitte à prêter à une dizaines de jeunes personnes à priori fiables, avec le calcul que si l'un d'entre eux fait faillite... le gain apporté par les autres compensera largement la faillite.
Pour un parallèle avec la vie du citoyen moyen, c'est un peu comme la différence entre le livret A et jouer en bourse. Jouer en bourse nécessite d'avoir les (bonnes) informations pour être (quasi) sûr de ne pas perdre.
PS: là aussi, on se retrouve avec des éléments liés au pays concerné. Il est peu probable en France qu'un employé en CDI ne puisse pas rembourser ses 35000€... parce que, qu'il le veuille ou non, la banque se servira directement sur son salaire et qu'il ne peut pas donner sa démission du jour au lendemain ;-).
Youpi - il y a 5 ans
Une dernière pour la route...
RépondreN'étant pas banquier et m'étant donc brièvement documenté sur la question depuis tout à l'heure, je me demande si tu ne fais pas une erreur de langage...
Le mot "banque" semble désigner beaucoup d'institutions variées en fait, et ayant parfois des activités très différentes. Celles qui font des choses comme un prêt pour un véhicule ou éventuellement pour un achat immobilier pour un particulier sont très différentes de celles qui permettent de créer une entreprise. Leurs approches sont différentes et leurs capacités aussi.
Demander à une banque de spécialisée dans le crédit immobilier de faire du capital risque (je crois que c'est le terme pour le genre de prêt requis pour créer sa boite), c'est probablement comme de demander à un coloriste de faire le scénario d'un dessin animé. Les deux sont des arts graphiques mais ça ne demande pas les mêmes compétences.
Toc - il y a 5 ans
Dites les gens vous avez compris que c'est l'écureuil qui parle au moins ? Depuis le début de Comme convenu, les écureuils sont des personnages qui représentent les théories libérales, et qui agissent souvent de façon assez odieuse (vous vous souvenez qu'ils soutenaient Joefffey au moins ?). Du coup c'est évidemment une caricature, et on voit bien Brume qui essaie tant bien que mal d'en placer une. On est dans un effet comique avant tout et les pages suivantes vont relativiser tout ce qui est dit ici. Du coup est-ce vraiment nécessaire de se lancer dans un exposé sur le fonctionnement du système bancaire ?
RépondreYoupi - il y a 5 ans
J'ai envoyé en off à laurel le message suivant. Je le transcrit puisque ça semble nécessaire.
Répondre1- Laurel est la taulière donc si elle veut supprimer un message c'est son droit
2- Je soupçonne Laurel de chercher à provoquer de manière à avoir des réponses intéressantes.
A part ça, tu as probablement raison sur les écureuil.
Toc - il y a 5 ans
"Je nettoyais mon téléphone, le commentaire est partie tout seul"
RépondreToc - il y a 5 ans
"Je nettoyais mon téléphone, le commentaire est partie tout seul"
RépondreToc - il y a 5 ans
@ Youpi :
RépondreJe précise que tes remarques sur le système bancaire sont tout à fait pertinentes (comme ceux des commentaires plus bas d'ailleurs) C'est juste que la réflexion de la page est portée par un odieux écureuils californien néoliberale qu'on.
Mist - il y a 5 ans
l'exposé me paraît pas inutile ni inintéressant... Après on n'est pas forcé de le lire. Il est vrai qu'on ne sait pas ce que la prochaine planche va dire, si elle nuance ou non... je ne crois pas que l'exposé était méchant envers Laurel, et je trouve aussi qu'elle a tendance à présenter les choses de façon manichéenne. MAIS c'est peut-être un choix artistique, pour simplifier le récit, etc... En tous cas c'est son choix, et le respecter, ça n'empêche pas de commenter...
RépondreMist - il y a 5 ans
J'ajoute que Laurel a l'air (je précise "a l'air" c'est une supposition) de défendre souvent le modèle américain dans ses BD. A raison ou à tort, je n'en sais rien, je n'y connais rien, et c'est une opinion. Mais être contre le capitalisme et défendre le système américain me semble étrange. Bon, j'ai jamais vécu là bas, donc...
RépondrePeuwi - il y a 5 ans
Je me permets à nouveau de rebondir sur l'exposé de Youpi :
Répondreen théorie économique, c'est exactement ca.
En pratique, c'est ca, augmenté d'un volet socio-culturel.
(un peu développé dans le fait que les banques ont des activités variées)
Le banquier, il a un boss. Si ce banquier était "différent", et accordait un crédit à ce jeune boulanger, lequel serait capable de proposer des garanties solides mais non conventionnelles. (genre, il rachète un fond de commerce bien moins cher que son prix de revente potentiel, car il connaissait bien le vendeur)
Si le boss apprend (et il va l'apprendre) que le conseiller a refilé un prêt à un jeune sans fonds ni caution, le boss va expliquer au conseiller qu'il n'a pas besoin de revenir lundi.
En pratique, ce conseiller miraculeux n'est même jamais devenu conseiller, ca fait longtemps qu'on lui a montré la porte.
A l'inverse, s'il n'accorde pas des prêts à des gens qui ont exactement le profil sociologique que le boss lui-même (donc, "de confiance" selon l'avis du boss), le boss va lui demander pourquoi il ne fait pas ses chiffres.
Bref, je le redis : faire comme tout le monde, parce que ceux qui ne font pas pareil, ils ne rentrent simplement pas dans le système... Parce qu'un système différent n'est simplement pas stable, et n'existe donc pas (pas longtemps en tout cas)
Ironiquement, c'est d'ailleurs la même interdépendance entre les banques et l'état qui font que les banques sont si durables : ils sont sur un système extrêmement stable, notamment car ils sont très conventionnels.
Youpi - il y a 5 ans
Merci de ta réponse, elle m'apprends pas mal.
RépondreMerci surtout à Laurel qui a le mérite de poser les bonnes question
Phy. - il y a 5 ans
Aujourd'hui (très schématiquement) la plupart des banques sont considérées "Too big to fail" voire "Too big to jail", c'est-à-dire que les états les renflouent quand elles ont accumulé trop d'emprunts toxiques, et qu'elles échappent aux poursuites pénales qui mettraient en péril leur activité... car ça mettrait en péril l'ensemble du système monétaire sur lequel l'humanité s'est organisée depuis, mettons environ 3500 ans voire plus.
RépondrePour ce qui est des commentaires, effectivement, on a souvent tendance à réagir sur la page en cours alors que l'autrice a déjà la page suivante en tête ou prête à publier... mais les débats sont effectivement intéressants.
Le souci majeur étant qu'on n'a pas réussi pour le moment à trouver une alternative au système bancaire, et que la finalité principale des banques aujourd'hui est, en deuxième lieu, de financer l'économie, et en premier lieu, de faire le maximum de bénéfices ; alors qu'intervertir les deux permettrait sans doute de régler beaucoup de soucis humains voire écologiques sur notre planète.
HEINRICH Vulgaris - il y a 5 ans
Sans reprendre ce qui a été expliqué et fort bien développé plus haut. Je vais juste en donner une version "simplifiée" (voir même simpliste pour les initiés) :
RépondreUn banque ne gère pas de l'argent, elle gère le "coût" de l'argent.
Quelle est la probabilité qu'une jeune personne n'ayant aucune notion de la gestion d'entreprise se casse les dents sur son premier commerce ? (Indépendamment de sa valeur et compétence artisanale)
Quelle est la probabilité que le cadre sup en CDI pète un câble et organise sa faillite personnelle ?
C'est en fonction de ce risque que la banque paiera au marché un coût différent de l'argent qu'elle prête.
Banquier, c'est un métier. Boulanger aussi. Patron également.